TOUT EST DIT

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samedi 30 mars 2013

Même les entreprises en bonne santé mettent la clé sous la porte : l’exemple d’une galerie d’art


La fermeture de l’une des grandes galeries parisiennes n’a pas fait de bruit, pourtant elle témoigne de la régression économique française. A l’occasion du salon Paris Art Fair, au Grand Palais du 28 mars au 1er avril, revenons sur cet événement.
L’événement n’a pas dépassé les cercles spécialisés, mais il est pourtant extrêmement révélateur du déplorable climat économique actuel : l’une des grands galeries parisiennes, à la réputation internationale, a décidé de fermer. Le 21 mars dernier, la galerie Jérôme de Noirmont annonce qu’elle met la clé sous la porte. Elle a pourtant sous contrat plusieurs artistes reconnus comme Jeff Koons, Pierre et Gilles, Fabrice Hyber ou Valérie Belin, c'est-à-dire des créateurs qui vendent, qui ont une cote élevée, qui font rentrer du chiffre d’affaires. Mais cela ne suffit plus.
Pour justifier leur décision, le couple Noirmont invoque une raison que n’aurait pas désavoué Gérard Depardieu, à savoir "une pression fiscale étouffante". Expliquant la nécessité, pour leur galerie, de franchir une étape supplémentaire en ouvrant des filiales à l’étranger, en embauchant, en investissant des sommes importantes, avec la prise de risque que cela implique, les Noirmont préfèrent jeter l’éponge. En cause: "Le mauvais contexte politique, économique et social de la France d’aujourd’hui, auquel s’ajoutent un climat idéologique malsain et une pression fiscale étouffante, obère toute perspective d’avenir du marché de l’art en France et altère tout enthousiasme comme tout esprit d’entreprendre !"
Le constat est clair, il a déjà été exprimé par beaucoup d’autres. Mais il est vraiment inquiétant parce que même une entreprise qui réussit, qui fait partie des leaders de son secteur, qui génère des bénéfices, mais qui doit franchir un palier important, préfère renoncer.
Dans une autre interview, Jérôme de Noirmont précise ce qu’il entend par "climat idéologique malsain" : "Ce qui est choquant pour moi, c’est d’entendre par exemple les propos d’une ministre de la culture en exercice qui «tape» sur un mécène français, le groupe Wendel, celui qui a financé une partie du Centre Pompidou Metz. En France, on monte les citoyens les uns contre les autres au lieu de les unir, on veut crucifier les grandes familles industrielles françaises… Je pense à certains discours de Monsieur Mélenchon et de Monsieur Montebourg… Le monde entier est choqué ! Attention, je ne vise pas une classe politique en particulier mais un état d’esprit général. Chaque année, le député UMP Monsieur Carrez remet sur le tapis l’idée d’intégrer les œuvres d’art dans l’ISF. Il oublie dans ses calculs que les œuvres d’art ne produisent pas d’intérêts. Au contraire, elles coûtent à leurs propriétaires, qui doivent payer des assurances importantes. Et ce sont les dations et les donations qui font la richesse des musées…  Je ne me voyais donc pas, dans une telle atmosphère,  prendre un risque entrepreneurial…"
Cette décision ne sera pas sans conséquence, l’un des responsables de la maison de vente aux enchères Artcurial, Francis Briest, y voit un sérieux préjudice pour la place de Paris: "Cette décision est très dommageable dans le cadre de la compétition de plus en plus acharnée à laquelle se livrent les autres places comme Londres, New York et Hongkong."
Car Paris demeure malgré tout une place importante pour l’art contemporain comme le prouve la nouvelle édition de Paris Art Fair qui se déroule au Grand palais du 28 mars au 1er avril. Longtemps dans l’ombre de la Fiac, cette foire prend son envol et affirme sa personnalité. Moins portée sur l’abstraction pure et l’art conceptuel souvent abscons de sa grande sœur, Paris Art Fair ne refuse pas la couleur, l’art figuratif, la sensualité, qui font de la déambulation un vrai moment de plaisir. 144 galeries sont présentes, dont 43% viennent de l’étranger, principalement de la Russie, mise à l’honneur à l’occasion de cette édition.
Paris garde sa capacité d’attraction, les talents sont là, des expositions et des salons attirent un public international, tout un fragile écosystème de galeries existe, mais le secteur souffre. Très proche des milieux culturels, on pouvait penser que la gauche se serait mise à l’écoute et apporte des réponses, mais même sur ce plan le gouvernement va à l’échec.

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