TOUT EST DIT

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jeudi 7 mars 2013

La fête des fous

La fête des fous


Quand la gauche socialiste soutient un texte communiste qui encourage et légitime la violence syndicale au moment où le climat social n’en a guère besoin…
Le tribunal de commerce de Montluçon avait à examiner, ce mardi 5 mars, la liquidation éventuelle d’une fonderie en faillite, DMI, 168 salariés. À quelques kilomètres de là, un groupe d’ouvriers de cette fonderie conduit par un délégué syndical avait relié quatorze bonbonnes de gaz à un dispositif électrique permettant de les faire exploser. Le tribunal allait-il se prononcer en toute sérénité ?
Le mercredi 27 février, le conseil de prud’hommes de Compiègne commençait l’examen des cas de 680 salariés de Continental — les “Conti” — dont l’usine avait fermé début 2010. À l’annonce de cette fermeture en avril 2009, un certain nombre d’entre eux s’étaient précipités à la sous-préfecture de Compiègne et l’avaient mise à sac, aux ordres d’un syndicaliste CGT, Xavier Mathieu (qui devait, par la suite, refuser de se soumettre à un test ADN). Or celui-ci allait être l’une des figures du débat qui se déroulait au Sénat, ce même 27 février. Les sénateurs étaient en effet saisis d’une proposition de loi destinée à l’amnistier — avec d’autres condamnés comme lui.
L’affaire a été menée par trois sénatrices, deux communistes, Annie David, présidente de la commission des affaires sociales, auteur de la proposition de loi, Éliane Assassi, présidente du groupe communiste républicain et citoyen, et une socialiste, Virginie Klès. Le texte n’avait une chance d’aboutir (le vote n’a été acquis que d’extrême justesse, 174 voix contre 172) qu’avec la complicité du gouvernement en la personne de Christiane Taubira, garde des Sceaux, qui venait ainsi approuver la dénonciation de décisions de justice en s’en remettant à la « sagesse » et au « courage » du Sénat.
Sagesse que les sénatrices communistes ont aussitôt pratiquée en attaquant : « Les voyous, n’est-ce pas plutôt les patrons qui font tout pour échapper à l’impôt et menacent de délocaliser l’emploi ? La vraie violence sociale, c’est la fermeture de plusieurs centaines d’entreprises pour préserver les intérêts boursiers des actionnaires », disait la première, Annie David, cependant que la seconde, Éliane Assassi, reconnaissait que les condamnations conduisaient « à une paralysie de l’action syndicale, de même que les amendes élevées obèrent les finances des organisations ».
Ancienne ministre, sénatrice des Yvelines, Catherine Tasca résumait ensuite les motifs du soutien des socialistes au texte communiste : restaurer « l’honneur des salariés victimes de la violence sociale dans leurs entreprises », tout en marquant leur « résistance à la propagation de la violence qui tend à devenir un mode banal de relation à l’autre »… Mais de quelle résistance parlait-elle ? De la limitation de l’amnistie aux peines d’emprisonnement maximales de cinq ans au lieu de dix comme le demandaient les communistes ? Naïveté. D’abord parce que cette amnistie est une première puisque les faits effacés ne concernent que des délits syndicaux, quasiment ad hominem (des chefs d’entreprise sont-ils pareillement amnistiés ? Surtout pas !). Ensuite parce qu’elle ne mettra pas fin à la surenchère communiste — au contraire.
Et d’ailleurs, pour le confirmer, un troisième sénateur communiste, élu du Pas-de-Calais, Dominique Watrin, s’est empressé de profiter de ce texte pour exiger une même amnistie des mineurs du Nord condamnés — en 1948 et 1952 ! Pourquoi revenir ainsi aux événements de 1948, si ce n’est pour pouvoir redire que « 60 000 CRS furent déployés », que l’on « fit appel aux troupes stationnées en Allemagne et aux troupes coloniales pour assiéger le coron en grève avec des chars d’assaut », et qu’il y eut des dizaines de victimes ? Cela, pour rappeler que le ministre de l’Intérieur de l’époque était un socialiste nommé Jules Moch. Une manière de rafraîchir la mémoire des socialistes d’aujourd’hui, de leur rappeler les fractures d’hier, ni oubliées ni refermées. Le seul à l’avoir compris est son lointain successeur, Manuel Valls.
Il fallait des élus de droite pour le dire à la garde des Sceaux : « Quelles que soient vos intentions, ce texte sera une incitation à la vengeance locale, une légitimation de la violence » (Christophe Béchu, UMP) ; « Vous versez de l’huile sur le feu syndical » (Pierre Charon, UMP). Et c’est François Zocchetto (Alliance centriste) qui aurait dû avoir le mot de la fin quand il a lancé ces propos jugés « scandaleux »« Vous allez inciter par la loi au non-respect du droit. Il y eut une époque, du temps des rois, où l’on organisait une fête des fous. Notre rôle de législateur n’est pas d’octroyer un carnaval au peuple ! »

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