TOUT EST DIT

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jeudi 7 mars 2013

Et si tout volait en éclats ?


Le risque de “conflagration civile” existe bel et bien. Tant que les politiques ne mesureront pas la désespérance des Français et se complairont dans un cynisme forcené.
C’est peu dire que François Fillon n’a pas toujours fait preuve d’une grande lucidité. Après avoir écrit un livre intitulé La France peut supporter la vérité, il en a souvent oublié ce beau titre, emprunté à Pierre Mendès France, lorsqu’il était premier ministre. Bien sûr, une fois, au tout début de son séjour à Matignon, il a été le premier à dire qu’il gérait « un État en situation de faillite ». Mais qu’a-t-il fait pour empêcher le déclin de l’économie française ? Où est passée sa lucidité lorsqu’il a préféré taxer les sodas et les parcs d’attraction afin de redresser les finances publiques, quand les Allemands accroissaient de 3 points la TVA pour financer la protection sociale ? Où est passée sa lucidité lorsqu’il n’a pas cessé de dénoncer les 35 heures sans jamais remettre en cause cette disposition inepte, coûteuse et mortifère ? Où est passée sa lucidité lorsque, parti à la conquête de l’UMP, il a cru qu’il n’était pas nécessaire d’aller au contact des militants, ouvrant de fait un boulevard à Jean-François Copé ?
Tel son maître en politique, Philippe Séguin, François Fillon n’est jamais aussi clairvoyant que lorsqu’il n’est plus aux affaires. En témoigne cette petite phrase lancée, il y a dix jours, lors de son meeting à la Mutualité, dans laquelle il dénonçait le risque pour la France d’une « conflagration civile », dans le sillage d’une « chute brutale du niveau de vie ». Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour voir poindre le moment où le pays va rejeter les élites, de droite comme celles de gauche — que rien ne distingue vraiment —, pour se jeter à corps perdu dans les bras de mouvements populistes. Comme cela vient d’être le cas en Italie, à la suite d’élections qui ont fait d’un clown de gauche et d’un cynique de droite les deux vainqueurs du scrutin.
Nombreux sont ceux qui annoncent, depuis quelques années, le risque de voir éclater en France le “pacte républicain”. Ce qui est normal lorsque les représentants des citoyens au Parlement s’occupent de tout, sauf de ce qui concerne les Français au jour le jour. Combien d’immolations de chômeur devant les bureaux de Pôle emploi faudra-t-il attendre pour voir le gouvernement prendre à bras-le-corps ce drame du chômage ? Combien d’exils de jeunes Français à Londres, au Canada, en Australie et maintenant à Dubaï faudra-t-il constater avant que nos ministres s’interrogent sur la place qu’ils accordent aujourd’hui en France à tous ceux qui ont 20 ans ? Combien de suicides d’agriculteur (800 par an en France) devra-t-on compter avant que cette “gauche caviar” qui nous gouverne se soucie enfin de cette France des invisibles, des oubliés et de tous ceux qui ne se plaignent jamais parce qu’ils travaillent sans compter leurs heures.
Il y a deux ans, le médiateur de la République, qui rendait son dernier rapport, avait averti le président de la République que 12 à 15 millions de Français — c’est-à-dire un cinquième de la population — terminaient chaque mois à 50 euros près. Et il avait évoqué le fait que la communauté nationale était déjà en état de burn out. Depuis, même si l’alternance politique a pu servir d’exutoire à certains, la situation n’a fait qu’empirer. Le nombre de sans-emploi est à un niveau record. Les entreprises n’embauchent plus. Et la bouteille de chloroforme qu’utilisent tous les gouvernements, depuis près de quarante ans, sous la forme d’allocations diverses et variées, est pratiquement vide. Car notre fameux modèle social est à bout de souffle.
Si l’on ajoute à cela des politiques qui ne prennent pas la mesure de la désespérance et qui se complaisent dans un cynisme consistant à ne surtout pas mettre les problèmes sur la table, de peur que les Français renversent celle-ci, alors, oui le risque de “conflagration civile” existe bel et bien. Et sans doute avant l’échéance de 2017. Par exemple, les élections municipales et les élections européennes de l’an prochain pourraient faire apparaître une envolée des mouvements extrémistes de gauche comme de droite. Même à gauche, certains responsables parlent ouvertement d’un risque de « jacquerie » après le coup d’assommoir fiscal donné il y a dix mois.
Si François Fillon, comme bien d’autres, a ce triste pressentiment d’une “conflagration” au sein du pays, ou d’une “étrange défaite”, pour faire allusion au chef d’oeuvre de Marc Bloch, aucun ne propose pour autant la solution qui permettrait d’éviter ce déclin qui frappe à notre porte et que François Hollande amplifie. Tout cela crée de plus en plus de place pour le retour d’un homme providentiel. Pour le recours au seul homme d’État capable de remettre la France debout. Afin d’éviter que le pacte national vole en éclats !

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