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lundi 4 mars 2013

Chômage, l'extrême urgence

Chômage, l'extrême urgence


L'urgence n'attend pas. Et pourtant. Après vingt et un mois consécutifs de hausse épouvantable du chômage, le recours à la méthode Coué du chef de l'État et de son ministre du Travail, qui veulent se (ou nous) persuader que l'inversion de la courbe reste tenable pour la fin de l'année, s'apparente à un leurre.
Les Français, en mal de confiance, n'en peuvent plus de ces effets de langage politique (de gauche comme de droite, du reste) alors que le secteur de l'intérim est, lui aussi, en panne sèche. Ils ne vivent pas hors sol de la mondialisation. Savent pertinemment que la France, en stagnation économique, n'est pas au bout de ses peines alors que la désespérance sociale gagne du terrain.
Avec une croissance quasi nulle en 2013, comment pourrait-il en être autrement dans ce nouveau monde quand 1,5 point de PIB est nécessaire pour créer de l'emploi ?
Le pays s'enkyste dans une crise qui l'obligera à changer de braquet pour l'attaquer de front alors que les prévisions de Bruxelles noircissent le tableau. Le Vieux Continent, touché par l'explosion du nombre des sans-emploi, se désespère du manque de perspectives pour sa jeunesse (sur)qualifiée et ses seniors (sur)sacrifiés. Seule, l'Allemagne résisterait mieux mais sans jamais avoir compté autant de travailleurs pauvres.
La solution passera-t-elle par plus d'Europe et de synergies économiques pour faire face à la concurrence mondiale ? Oui sans doute. Mais commençons, d'abord, par faire réellement le gros du travail chez nous. Car avec près de 3,2 millions de chômeurs en catégorie A, le record absolu de janvier 1997 sera dépassé demain.
Pourquoi ? Parce que la France, pourtant pleine d'atouts, n'a pas vraiment réformé ses structures en profondeur. Parce qu'elle a laissé la désindustrialisation filer un mauvais coton depuis trente ans. Parce que la puissance publique a manqué de hauteur de vue en considérant, trop souvent, que la relance de l'économie reviendrait par la seule consommation, de surcroît étouffée, ces temps-ci, par une fiscalité galopante.
Pôle Emploi dépassé
Résultat : on patine. Pire, on recule, à l'image de notre compétitivité qui ne retrouvera son punch d'antan qu'au prix d'un soutien fort à nos entreprises créatrices de richesses. Et d'emplois.
Pas question pour autant de balayer les mesures mises en place pour atténuer la violence de ce chômage endémique. Cet accompagnement social, au nom de la solidarité, est d'une nécessité absolue. Quand bien même Pôle emploi, dépassé par le flux et le volume des chômeurs, ne remplit plus bien sa fonction. Quand bien même la formation professionnelle demande à être remise à plat pour la rendre plus efficace. Quand bien même le rapprochement entre le monde de l'entreprise et les sphères de l'Enseignement doit devenir une règle d'or.
La politique de l'emploi est un tout. Elle avance mieux lorsqu'elle repose sur un dialogue social responsable. Le récent accord sur la réforme du travail s'avère un (bon) point de départ sur fond d'aggravation du nombre de chômeurs de longue durée et/ou en fin de droits d'indemnisation.
C'est dire si on n'en fera jamais assez pour tenter de venir à bout du chômage de masse. Mais la kyrielle d'aides défensives - comme les nouveaux contrats d'avenir ou de génération - n'y suffira pas. Pour espérer gagner la bataille, il faut passer à l'offensive et, tous ensemble, s'armer de courage. Vite et pour de bon.

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