samedi 8 septembre 2012
La raison et le mystère
le fait divers, surtout quand il relève du carnage, est l’occasion
pour les émotions de prendre l’ascendant sur ce qui nous reste de
raison. Un ancien président l’avait compris qui, après le malheur, se
pressait d’apparaître, pariant sur l’impact rassurant d’une figure
autoritaire.
Sans doute est-ce pourquoi son successeur se démarque
par une grande sobriété de propos. Lui se borne à promettre que « tout
sera fait pour retrouver les coupables ». Au fait, pourrait-il en aller
autrement ?
Cette réaction de manière accessoire, mais surtout
l’ensemble des circonstances du crime de Chevaline concourent à en
brouiller la perception, comme si la tragédie ne se suffisait pas à
elle-même.
Le déroulement du massacre, les conditions de sa
découverte, le contexte social et familial des victimes, le miracle des
survivantes, le sort d’un cycliste, jusqu’à la variété des nationalités
en jeu : tout s’enchevêtre de façon à ce que les hypothèses les plus
folles, les phantasmes les plus divers puissent prospérer.
Passé
le moment de sidération, on se demande si un auteur de polar même
patenté, face à un tel entrecroisement de mobiles envisageables, n’en
viendrait pas à se défier de sa propre imagination. C’est dire, sauf
coup de théâtre, la complexité de la mission imputée aux enquêteurs. Et
le travail méthodique, de raison donc, à mener.
Le drame le plus
vif, le plus brutal, le plus absolu et immédiat tient dans ces morts
administrées de manière si sauvage. Mais une douleur plus diffuse, aussi
dérangeante, à plus long terme, et collective, serait que n’en
ressortent jamais les causes.
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