TOUT EST DIT

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samedi 8 septembre 2012

La rentrée ratée du gouvernement

Cotes de confiance en baisse, interrogations au sein même du gouvernement, erreurs stratégiques... François Hollande et Jean-Marc Ayrault sèment le doute.

«Il faut arrêter avec la normalité!» Ce jugement ne vient pas d'un dirigeant de l'UMP en mal de critiques contre François Hollande. Ni même d'un Jean-Luc Mélenchon impatient de prendre sa revanche sur son ancien camarade socialiste. C'est un ministre qui le prononce à la fin de la semaine dernière, afin d'illustrer la nécessité pour le président de la République de changer rapidement de stratégie.
Bon, alors ? T'attends quoi pour remuer ton gros cul ??
Officiellement, les ministres assurent évidemment que le chef de l'État et son premier ministre ont pris la mesure de la gravité de la crise et gèrent parfaitement la délicate séquence de la rentrée. Le discours de François Hollande à Châlons-en-Champagne vendredi dernier n'est-il pas la preuve que l'exécutif a entendu le message des Français et qu'il a su réagir rapidement? «Les hésitations ont été levées à Châlons», veut croire un membre du gouvernement. Peut-être. Mais il ne faut pas les pousser loin dans leurs retranchements pour que certains ministres reconnaissent que la gestion des premiers mois du quinquennat n'a pas été à la hauteur.
«On ne vend pas très bien nos mesures», admet une ministre. «Sur le prix des carburants, nous avons sous-estimé l'impact d'un sujet important pour les gens. Résultat, nous avons perdu la bataille de la communication sur la mise en route de l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, parce qu'on a réagi trop tard sur la hausse du prix de l'essence.» «On s'est planté sur le calendrier et l'annonce de la baisse du prix des carburants», confirme un autre ministre, agacé de constater que, alors que la promesse de campagne se contentait d'un blocage des prix, la mesure du gouvernement impose une baisse! «François Hollande a sous-estimé l'attente à son égard et la demande d'action des Français», estime un troisième. «Après la séquence internationale du début du quinquennat, il a dit qu'il allait maintenant s'occuper des affaires intérieures. Sauf qu'il ne l'a pas fait.»
Pire, aux yeux de certains au PS, il aurait dû profiter des premières semaines pour faire voter une des mesures emblématiques de sa campagne, comme le non-cumul des mandats ou le mariage homosexuel. À défaut de mesures économiques et sociales, la communication du gouvernement aurait trouvé quoi répondre à ceux qui ont brandi des pancartes, vendredi dernier, au passage de François Hollande: «Le changement, c'est pour quand?»«On a écrit une histoire fabuleuse en mai, et là...» constate, dépitée, une ministre qui ne comprend pas comment le capital de sympathie du printemps a pu fondre aussi rapidement à la rentrée. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le président et son gouvernement bénéficient, à défaut d'un état de grâce, au moins d'un répit. Affaiblie par sa double défaite présidentielle et législative, concentrée sur la guerre des chefs qui commence pour la succession de Nicolas Sarkozy à sa présidence, l'UMP n'est pas encore audible. En dehors du Front de gauche, les alliés radicaux et Verts sont au gouvernement et avalent les couleuvres, en râlant, certes, mais en veillant tout de même à conserver leur portefeuille ministériel. Quant aux ténors du PS, ils sont tenus à la solidarité gouvernementale, au moins jusqu'au congrès de Toulouse.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne peuvent donc s'en prendre qu'à eux-mêmes si les Français affichent leur mécontentement de façon aussi brutale. Car le président a commis, dès le début de son quinquennat, trois erreurs qui lui coûtent cher aujourd'hui. La première a été de croire que les Français avaient rejeté Nicolas Sarkozy à la fois en raison de son comportement mais aussi de son action. Si l'anti-sarkozysme a pu fonctionner dans la campagne, c'est parce que le comportement de l'ancien président ne plaisait plus aux Français. Mais ces derniers appréciaient toujours son volontarisme et son action. «Il n'y a qu'un patron sous la Ve République, c'est le président, constate un membre du gouvernement. Le quinquennat, l'époque, les médias, obligent le chef de l'État à agir.» On l'a vu au mois d'août. Le président et le chef du gouvernement ont tous les deux pris quinze jours de vacances. Mais c'est à François Hollande que le reproche a été fait de ne plus être dans l'action. Même quand les deux sont rentrés de vacances et que Jean-Marc Ayrault a multiplié les interventions après le 15 août, cela n'a pas suffi. «La parole du premier ministre ne remplacera jamais celle du président de la République», reconnaît un membre du gouvernement. L'hôte de l'Élysée doit désormais assumer d'être en première ligne.
La deuxième erreur a été de mettre en scène ses «vacances normales». Les Français ne sont plus dupes de ces coups de com'. S'ils se félicitent que le président prenne le train plutôt qu'un avion pour se rendre sur son lieu de vacances, ils savent que ces images n'ont pas été volées et que les photographes et les caméramen ont été convoqués. Ils ne sont pas dupes. La série Hollande en train, puis Hollande à la plage et enfin Hollande faisant ses courses au Lavandou a fini par lasser des Français qui avaient été habitués, pendant cinq ans, à ce que le président, même en vacances, publie des communiqués ou n'hésite pas à les interrompre pour se déplacer ou convoquer des ministres pour une séance de travail. Une stratégie de communication, bien sûr, mais qui montre des politiques au travail.
François Hollande a commis une troisième erreur, stratégique celle-là, quand il n'a pas voulu, avant les vacances, dire la vérité aux Français sur l'ampleur de la crise. «Les premières semaines, on a hésité», reconnaît un ministre. Faut-il dire la vérité aux Français ou gagner du temps? Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault reflète cette hésitation, qui ne tranche pas la question parce qu'à l'Élysée, François Hollande n'a pas choisi. Il consulte, tergiverse, veut gagner du temps pour pouvoir faire voter ses promesses. Il lui a fallu du temps pour trancher et reconnaître, dans son discours de Châlons-en-Champagne, la «gravité exceptionnelle» de la crise.

La chute inattendue dans les sondages

Cette reconnaissance n'arrive-t-elle pas trop tard aux yeux des Français? Ceux-ci ont tiré la sonnette d'alarme au début du mois, en orientant clairement à la baisse la cote de confiance du chef de l'État (- 11 points à 44 % dans le baromètre Ipsos, - 5 points à 50 % dans celui de TNS-Sofres) et celle de son premier ministre (- 9 points à 46 % pour Ipsos et - 3 à 51 % pour TNS-Sofres). Une chute que l'exécutif n'a pas vu venir. Et pour cause: obnubilé par le désir de faire l'inverse de son prédécesseur, François Hollande a décidé de ne plus recourir aux sondages d'opinion dont Nicolas Sarkozy, il est vrai, abusait quelque peu. Résultat, l'Élysée s'est retrouvé aveugle et a été pris de court quand les enquête d'opinion ont été publiées, faute d'avoir pu prendre le pouls de la société française.
Le plus curieux reste qu'un politique aussi avisé que l'ancien premier secrétaire du PS se soit laissé prendre au piège de la rentrée. De 1997 à 2002, quand il était Rue de Solferino, il avait pu voir les difficultés dans lesquelles se débattait Lionel Jospin à Matignon pour imposer son tempo au lendemain de l'université d'été de La Rochelle. Chaque rentrée le voyait se débattre avec les mêmes problèmes: le gouvernement était revenu de vacances et essayait d'imposer ses thèmes, mais en l'absence du Parlement, puisqu'aucune session extraordinaire n'avait été convoquée, impossible d'y arriver. Résultat, les Français s'impatientaient et les médias imposaient leurs thématiques. Alors qu'il avait assuré avoir tiré les leçons de ces rentrées successives ratées, François Hollande s'est laissé surprendre. Ses proches peuvent bien assurer qu'il «avait senti que quelque chose n'allait pas pendant ses vacances», il a attendu la publication des courbes de confiance pour changer de comportement.

La crise et l'impatience des Français

La preuve? Avant de partir en vacances, le président et son premier ministre décident de ne pas convoquer le Parlement en session extraordinaire avant la fin du mois de septembre. Il faut attendre la dernière semaine du mois d'août pour que Hollande demande à Ayrault de convoquer le Parlement en session extraordinaire plus tôt qu'il ne l'avait prévu, le 10 septembre au lieu du 24! Là encore, la volonté de faire l'inverse de ce qu'avait entrepris Nicolas Sarkozy a été plus forte. De 2007 à 2011, l'ancien président de la République avait convoqué une session extraordinaire en septembre, en plus de celle de juillet, pour faire passer d'importantes réformes (RSA en 2008, retraite en 2010) ou plusieurs dizaines de texte en attente.
Pour mettre fin à cette boulimie législative, l'exécutif a donc décidé de se contenter de la session extraordinaire de juillet et de laisser le mois de septembre en jachère. La crise et l'impatience des Français l'ont obligé à réviser ses plans. Autre exemple: face aux critiques, les éléments de langage des ministres étaient simples, tout le monde entonnait le même refrain: le président a été élu pour cinq ans, ce n'est pas en cent jours qu'il doit être jugé. Depuis vendredi, le ton a changé et les arguments aussi. Place désormais à l'urgence en raison de la gravité de la crise. Pour éviter de se retrouver dès sa première rentrée dans une situation politique délicate, François Hollande aurait dû relire cet été les comptes rendus des Conseils des ministres du dernier quinquennat. En janvier 2009, au cours de l'un d'eux, Nicolas Sarkozy avait dit à ses ministres: «On nous promet des difficultés. Il y en aura. Mais, attention, elles n'arrivent jamais d'où l'on croit...» -

2 commentaires:

Anonyme a dit…

www.lefigaro.fr
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le quotidien a dit…

je connais le copié collé, c'est une revue de presse que je fais, il y a donc du "figaro" dedans, mais il m'arrive aussi de faire des choses bien...si ça ne vous plait pas passez votre chemin.