Le Limousin remporte la palme de la région la plus fonctionnarisée de France avec 38,9% de masse salariale versée.
L’une des grandes mythologies françaises
consiste à faire croire que l’Etat est synonyme d’égalité, et que
l’entreprise est synonyme du contraire. Au nom de cette croyance naïve,
toute perturbation sociale en France se traduit très vite par un appel à
l’intervention salvatrice de l’Etat, Zorro des temps modernes,
défenseur de la veuve et de l’orphelin.
Ceux
qui ont quelque proximité avec Zorro connaissent la face cachée du
personnage : petits arrangements avec le ciel, coups de pouce plus ou
moins discrets dans tous les sens, et prise en compte aléatoire de
l’intérêt général. L’Etat est loin d’être aussi aveugle que la justice.
Le
Limousin en est un merveilleux exemple. Terre féconde s’il en est, il
faut peut-être préciser ici que cette région qui ne comporte que trois
départements : la Corrèze, la Creuse, et la Haute-Vienne, a lourdement pesé sur le destin de la Vè République depuis près de 30 ans.
Elle a en effet abrité le fief d’un Premier ministre (Jacques Chirac),
de deux présidents de la République (Jacques Chirac et François
Hollande), qui furent aussi responsables d’un parti de gouvernement.
Pour une petite région qui compte moins d’un million d’habitants, on ne
pouvait rêver destinée plus puissante, qui en dit long, au passage, sur
le poids de la France rurale dans la décision publique.
Grâce à cette vitalité, le Limousin remporte la palme de la région la plus métropolitaine la plus fonctionnarisée de France : selon
une analyse de l’INSEE,
38,9% de la masse salariale versée en Limousin bénéficie à des
fonctionnaires. Autrement dit, sur les 5,7 milliards d’euros de salaires
distribués dans le Limousin (en 2009), 2,2 milliards étaient des
rémunérations de fonctionnaires, et 3,5 milliards allaient dans la poche
de salariés du privé.
Ce taux est équivalent à celui de la Corse.
Certes,
il demeure inférieur à celui des départements d’Outre-Mer, où la
fonction publique capte environ la moitié de la masse salariale.
Mais il est supérieur de 8 points à la moyenne nationale. Inversement,
les Franciliens, qui accueillent pourtant les administrations centrales
de l’Etat, consacrent à peine 22% de leur masse salariale aux
fonctionnaires, ce qui fait de l’Ile-de-France la région la moins
administrée de France.
Si l’on s’appesantit
sur des comparaisons départementales, le Limousin perd en revanche sa
médaille d’or de la fonctionnarisation au profit de la Lozère, où 52,3%
des salaires sont des traitements de la fonction publique. La Creuse
occupe la seconde place avec 47% de la masse salariale qui est versée à
des agents publics.
On notera avec intérêt
que les départements les moins fonctionnarisés en France sont les
Hauts-de-Seine, avec 18,9% de la masse salariale bénéficiant à des
fonctionnaires, talonnés par Paris (20,8%) et les Yvelines (20,7%).
En
données brutes, ces chiffres, pris au niveau départemental, disent peu
de choses, sinon que les trois départements qui viennent d’être cités
concentrent de nombreux états-majors d’entreprises privées où la masse
salariale moyenne est plus élevée que dans les unités d’exploitation
déconcentrées en province.outefois, cette seule remarque ne suffit pas à expliquer les différentiels de moyens publics entre territoires. Dans la pratique, certaines régions françaises bénéficient d’une discrimination positive dans l’allocation des moyens publics, et c’est bel et bien le cas du Limousin.
Dans le domaine de l’éducation par exemple, et en dehors de Paris, les lycéens du Limousin sont ceux qui bénéficient des dotations les plus importantes de la part de l’Etat: 7 326€ par élève et par an selon une infographie du Monde. Les lycéens de Picardie en reçoivent 1 000 de moins chaque année.
Malgré cette débauche de moyens, aucun lycée du Limousin ne brille particulièrement au niveau national. Autrement dit, cet effort tout particulier de l’Etat en faveur d’une région porteuse de tant d’élus nationaux ne montre aucune efficacité. Il s’agit d’une sorte de pratique clientéliste sans utilité pour l’intérêt général.
Ces quelques éléments rappellent une fois de plus que l’Etat n’est pas cette entité égalitaire qu’une mythologie typée à nous décrire. L’Etat est producteur d’inégalités, de déséquilibres, de privilèges, notamment territoriaux. Peut-être qu’en ces temps d’austérité l’occasion vient de remettre à plat ces petits accommodements avec les principes républicains.
Au-delà de cette simple remarque, c’est la question du terroir qui est posée : avons-nous encore les moyens de vivre cette France fantasmée où chacun à sa petite maison à la campagne, dans la terre de ses parents, loin des inconvénients de la ville (le bruit, le stress, l’exiguïté, les prix), mais en gardant tous ses avantages (les services publics à portée de main, les routes, les prestations de confort) ?
outefois, cette seule remarque ne suffit pas à expliquer les différentiels de moyens publics entre territoires. Dans
la pratique, certaines régions françaises bénéficient d’une
discrimination positive dans l’allocation des moyens publics, et c’est
bel et bien le cas du Limousin.
Dans
le domaine de l’éducation par exemple, et en dehors de Paris, les
lycéens du Limousin sont ceux qui bénéficient des dotations les plus
importantes de la part de l’Etat: 7 326€ par élève et par an selon
une infographie du Monde. Les lycéens de Picardie en reçoivent 1 000 de moins chaque année.
Malgré cette débauche de moyens, aucun lycée du Limousin ne brille particulièrement au niveau national.
Autrement dit, cet effort tout particulier de l’Etat en faveur d’une
région porteuse de tant d’élus nationaux ne montre aucune efficacité. Il
s’agit d’une sorte de pratique clientéliste sans utilité pour l’intérêt
général.
Ces quelques éléments rappellent
une fois de plus que l’Etat n’est pas cette entité égalitaire qu’une
mythologie typée à nous décrire. L’Etat est producteur d’inégalités, de déséquilibres, de privilèges, notamment territoriaux.
Peut-être qu’en ces temps d’austérité l’occasion vient de remettre à
plat ces petits accommodements avec les principes républicains.
Au-delà
de cette simple remarque, c’est la question du terroir qui est posée :
avons-nous encore les moyens de vivre cette France fantasmée où chacun à
sa petite maison à la campagne, dans la terre de ses parents, loin des
inconvénients de la ville (le bruit, le stress, l’exiguïté, les prix),
mais en gardant tous ses avantages (les services publics à portée de
main, les routes, les prestations de confort) ?
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