Engagement illimité et flexi-sécurité sont des improvisations. Il faudrait repenser des solutions plus pérennes.
L’un parle d’engagement illimité, l’autre de flexi-sécurité. Draghi
et Hollande proposent un bricolage destiné à colmater les brèches. Il
est à craindre qu’il s’agisse de routes qui ne mènent nulle part. À
l’image de ces décors Potemkine que sont certaines routes grecques
financées par l’Union européenne.
La flexi-sécurité n’est pas une mauvaise idée en soit. Elle consiste à
faciliter une flexibilité sur les postes de travail en échange d’une
sécurisation des parcours professionnels. Mais, outre qu’une mesure
bénéfique en période de conjoncture favorable n’est pas toujours
bénéfique en période récessive, cette mesure n’est susceptible d’avoir
des effets bénéfiques qu’à long terme, alors que le gouvernement s’est
fixé des objectifs d’amélioration de l’emploi à brève échéance.
Le Danemark, qui l’expérimenta avec succès, offrait des conditions de
possibilité, de réceptivité, de faisabilité que la mentalité française
n’offre pas. Il est à craindre qu’ici les partenaires sociaux ne
négocient qu’un accord a minima dépourvu du volet incitatif, à savoir
l’impossibilité de refuser un emploi de substitution, préconisée par
Sarkozy durant sa campagne et rejetée par les syndicats. En somme, faute
de ce socle patriotique ou support civique tant décrié par les élites,
la flexi-sécurité à la française risque d’achopper sur des effets
d’aubaine et des possibilités de passager clandestin. Surtout si l’on ne
redessine pas le périmètre de l’État.
Le mot « irréversible » a été repris par Pierre Moscovici. En 2000, ce dernier réclamait la « nécessité d’un approfondissement permanent » de l’intégration européenne car les « bienfaits économiques du marché intérieur sont partout ». Permanent, partout… comme s’il s’agissait de l’Esprit-saint ou du marxisme-léninisme ! Il n’est pas normal de décréter l’euro « irréversible ». Le propre des constructions politiques démocratiques est d’être ré-versibles en fonction des aspirations du peuple.
Certains ont une recette miracle : urgence des Euro-bonds et impératif d’engagement illimité de la BCE. S’y ajoutent de la relance, pour ranimer la croissance, et du fédéralisme à marche forcée, pour raffermir l’Union européenne. Cela peut difficilement fonctionner, pour la bonne et simple raison que cela recycle les mêmes ingrédients que ceux qui sont à l’origine de la crise. Il est difficile de croire que l’on puisse, par une sorte de subterfuge, recycler les causes de la crise pour en faire des solutions. La crise n’est pas celle de l’euro, c’est une crise de l’endettement dans le périmètre de la zone euro.
Les euro-obligations créeraient une strate de dette supplémentaire. Ils joueraient le rôle d’une eau de mer incapable d’étancher la soif, selon la formule du président de la Bundesbank. L’engagement illimité de la BCE, même strictement conditionné, risque de dévaloriser ses titres, en mettant à nu un problème de solvabilité, alors que l’intervention de la banque centrale américaine est seulement perçue comme palliatif à des problèmes passagers de liquidité.
Certains pensent qu’il suffirait de mieux répartir la dette sur l’assiette de l’euro, pour couper court à la spéculation. En offrant sa garantie sans bourse délier, un État évite de modifier sa comptabilité nationale officielle. Mais les marchés savent que ce procédé de recapitalisation engage des fonds publics. La dissimulation par des garanties publiques pose un problème de soutenabilité de la dette et de concentration du risque anesthésiant signaux d’alerte et correctifs. À trop tirer sur la corde...
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