TOUT EST DIT

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vendredi 14 septembre 2012

Washington sous pression islamiste 



C'était l'une des bonnes nouvelles des soulèvements arabes de l'an dernier. Aucun drapeau israélien ou américain n'avait été brûlé dans les rues de Tunis ou du Caire. Le chiffon rouge de l'anti-occidentalisme était, enfin, hors sujet, au bénéfice de la lutte pour la liberté et la démocratie. On savait cette séquence fragile et fortement compromise par la montée des forces politiques islamistes dans tout le monde arabe. On sait, depuis mardi soir, qu'elle est terminée.
En assassinant l'ambassadeur américain en Libye lors d'une trouble attaque travestie en manifestation contre un film délirant, les réseaux islamistes, probablement Al-Qaïda, tentent de remettre les pendules dix ans en arrière. Ils agitent la rue, du Maroc à l'Iran en passant par la Tunisie et l'Égypte, non pour réclamer plus de démocratie, mais pour désigner un ennemi : l'Amérique. Le moment choisi, le soir du 11 septembre, n'est pas anodin. À deux mois de l'élection présidentielle américaine, le retentissement est garanti.
Pour la première fois depuis l'arrivée de Barack Obama au pouvoir, on a entendu, hier, dans les rues de Téhéran ou de Sanaa, en Irak, à Gaza, des slogans comme « mort à l'Amérique », « mort à Israël » qui placent le président américain devant le bilan de sa politique étrangère. Obama n'a pas lancé son pays dans de nouvelles guerres, mais il n'a pas pour autant rétabli un ordre au Proche et au Moyen-Orient. L'incertitude et l'instabilité qui règnent dans les pays arabes dix-huit mois après les chutes des dictateurs, la violence du conflit syrien, la surenchère israélo-iranienne et l'absence de progrès dans le processus israélo-palestinien fournissent un terrain propice pour les stratèges de la tension que sont les islamistes.
L'instrument ou le prétexte qu'ils ont choisi, c'est une nouvelle fois la religion. Ou plutôt le blasphème comme casus belli. En l'occurrence un film délirant d'un inconnu qui circule comme une trainée de poudre sur le Net et qui insulte l'islam et les musulmans. Tout comme les agissements de certains militaires américains ont pu le faire en Afghanistan. Hillary Clinton, la secrétaire d'État, avait beau, hier, qualifier de « vidéo écoeurante et condamnable » le film en question, le retour de l'agenda religieux sur la scène diplomatique en dit long sur l'inertie de l'agenda politique.
En 2009, dans son célèbre discours du Caire, Obama avait joué la carte du respect. Il avait inauguré un nouveau départ dans la relation arabo-américaine, suscité l'espoir chez les Palestiniens d'avoir enfin, à la Maison Blanche, un interlocuteur moins hostile. Trois ans plus tard, affaibli par la fin de son mandat, mais aussi par une politique d'apaisement qui n'a pas donné les fruits escomptés, le président américain est brusquement sous pression.
Pression d'Israël qui l'invite à fixer une ligne rouge vis-à-vis des Iraniens et de leur programme nucléaire. Pressions des salafistes qui, de la Tunisie à l'Égypte, menacent l'espoir démocratique du Printemps arabe. Pressions terroristes, du Sahel à Benghazi, qui inquiètent tout l'Occident. Le monde arabe s'invite dans la campagne électorale. Les nouveaux gouvernements au pouvoir en Égypte ou en Libye peuvent-ils - veulent-ils ! - maîtriser ces franges radicales qui attaquent les intérêts américains ? À en juger par le manque de sécurité qui régnait, mardi, autour des ambassades américaines, on peut en douter.

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