TOUT EST DIT

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vendredi 21 septembre 2012

Le véritable "adversaire" de François Hollande


« Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance ». Que reste-t-il neuf mois plus tard de cette parole fameuse prononcée par le candidat Hollande au Bourget ?
À vrai dire, rien du tout ! La finance sans visage a été indulgente jusqu'ici : l'écart de taux à dix ans entre la France et l'Allemagne a été divisé par plus de trois ; le Trésor finance la dette à des taux jamais atteints, autour de 2% ; et la Bourse monte, comme à chaque fois que la gauche est au pouvoir...
Tranquille sur le front des marchés, Hollande ne devrait pas trouver non plus beaucoup d'obstacles du côté de l'opposition. Le Centre est introuvable depuis que Bayrou a soutenu François plutôt que Nicolas dans la course à l'Élysée. Et l'UMP est en chantier, engluée dans un combat fratricide entre Fillon et Copé, qui jouent à celui qui aura la plus grosse liste de soutiens pour prendre la tête du parti. On cherche encore le débat d'idées qui fera renaître la droite française. Signe de l'extrême confusion des temps, elle s'apprête d'ailleurs à voler au secours du président de la République en votant les deux textes clés de la rentrée parlementaire : le traité de ratification du nouveau pacte budgétaire européen, signé le 2 mars dernier par... Sarkozy, et la loi organique sur les finances publiques qui va instituer dans notre droit constitutionnel la « règle d'or ».
Le « véritable adversaire » serait-il donc caché à gauche ? La piste est intéressante à creuser, tant le président et le Premier ministre peinent à organiser la discipline dans leur camp. Cela valait bien la peine de concéder la taxe à 75 % sur les riches à l'aile gauche du PS et de sacrifier les gaz de schistes aux écolos pour ne même pas s'assurer de leur abstention sur le traité européen, se dit-on à l'Élysée... Pourtant, le premier acte de participation à une majorité consiste à voter le budget. Or, les 20 milliards d'euros de hausses d'impôts sur les ménages et les entreprises et les 10 milliards de coupes dans les dépenses nécessaires pour réduire le déficit à 3 % du PIB l'an prochain, ne sont que la conséquence directe de l'acceptation du nouveau pacte budgétaire. Et on se doute qu'un rejet du traité par la France, évidemment impensable, puisque la droite va le voter, ouvrirait immédiatement une nouvelle crise monétaire. La finance veut bien être sympa, mais il ne faut pas trop pousser...
En fait, l'adversaire le plus coriace de François Hollande pourrait bien se nicher ailleurs, dans la résistance farouche à laquelle se prépare la machine territoriale française contre les économies que veut lui imposer l'État. Cet « ennemi » insaisissable a 525 000 visages, le nombre d'élus que compte notre beau pays. Soit 1 pour 125 habitants, record mondial dénoncé par le député socialiste René Dosière dans un livre paru cette semaine (L'État au régime, Seuil), et qui figure en bonne place sur le bureau du chef de l'État à l'Élysée. Dosière évalue à 15 milliards d'euros le potentiel des économies possibles, notamment en mettant fin aux superpositions entre communes et communautés de communes et entre départements et régions. Mais, en hésitant à tenir sa promesse de mettre fin au cumul des mandats, François Hollande ne fait pas sur ce terrain la démonstration d'un président prêt à en découdre avec les maires et les conseillers généraux, il est vrai majoritairement de gauche. La proximité des élections locales de 2014 feraient-elles trembler la main du Prince ?
Le voyage à Ludwigsburg
Le 22 septembre 1962, au château de Ludwigsburg, demeure historique du Duc de Wurtemberg, le général de Gaulle prononçait devant Konrad Adenauer le fameux « discours à la jeunesse allemande » qui se conclura, le 22 janvier 1963, par la signature du Traité de l'Élysée. 50 ans plus tard, François Hollande fera ce samedi le voyage dans le Bade-Wurtemberg, pour renouveler cet acte fondateur de la réconciliation entre les deux peuples. Mais la France, en réalité, freine des quatre fers devant la proposition allemande d'une union politique européenne, pourtant formulée clairement par Angela Merkel. Paris ne veut pas d'un nouveau traité européen qui irait plus loin dans l'intégration, sauf si Berlin s'engage à son tour vers plus de solidarité, en acceptant la mutualisation des dettes, par exemple. Les fiancailles ont déjà cinquante ans, le contrat de mariage peut bien attendre encore un peu...
EADS + BAE = Airbus ?
S'il est un domaine dans lequel le couple franco-allemand a prouvé sa capacité au compromis et au succès, c'est bien l'aéronautique. C'est la raison pour laquelle le projet de fusion entre EADS et le britannique BAE est enthousiasmant. Les entreprises montrent l'exemple là où les Etats traînent les pieds. EADS-BAE pourrait d'ailleurs prendre pour nom Airbus, afin de bien affirmer la compétition avec Boeing. Si l'affaire se fait, car il y a encore de sérieux obstacles sur la route, cette opération pourrait donner, enfin, le coup d'envoi à la grande vague de fusions-acquisitions que la crise a étouffé depuis trois ans. Dans le secteur de la Défense - on pense à Thales et Safran en France -, mais pas seulement : dans l'automobile, dans la banque, dans la plupart des secteurs en réalité, le temps des grandes manœuvres est venu.

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