Manuel Valls s’est révélé au grand public lors des « primaires » du PS. De cette course pour la désignation du candidat socialiste à l’Élysée, le député de l’Essonne n’imaginait pas sortir vainqueur, mais il a pu mettre en avant son style direct, et s’afficher comme le tenant d’une gauche décomplexée, notamment sur les questions sécuritaires.
Depuis son entrée en fonction, le ministre de l’Intérieur décline le mot « fermeté » sur tous les modes et se trouve aux avant-postes : évacuation de camps de roms, remise à plat du dispositif policier à Marseille, ou encore montée en ligne sur les dossiers politiquement sensibles. Le dernier en date est celui du vote des étrangers aux élections locales. « Pas le moment », a-t-il lancé, laissant entendre que cette promesse, qui fait partie des programmes socialistes depuis le début des années 80, passerait à nouveau à la trappe. Entre-temps, le ministre de l’Intérieur a un peu recadré son propre discours : la promesse sera tenue sous ce quinquennat, mais il faut, au préalable, rallier une partie de l’UMP et du centre, apport sans lequel le texte ne pourra pas être voté au Parlement. C’est la position commune de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault.
Un petit solo avant de revenir dans la partition collective : Manuel Valls, époux d’une concertiste, connaît la musique. Et si la gauche de la gauche ne décolère pas contre ses prises de position, qu’elle juge souvent trop droitières, le « premier flic de France » réussit à se faire applaudir par les socialistes et ... complimenter par des membres de l’opposition.
Cette dernière acclame sans doute par tactique – insister sur les divergences au sein de l’équipe gouvernementale – mais aussi par une forme de nostalgie. C’est à l’Intérieur, plutôt qu’à Bercy, que Nicolas Sarkozy fut le plus populaire, avant d’accéder, plus tard, au sommet de l’État.
Même ton souvent, même fond parfois, ambition aussi grande peut-être : difficile, il est vrai, d’échapper à des rapprochements entre « l’hyperprésident » et l’omniprésent ministre actuel.
Pour la suite, toute spéculation serait hasardeuse. Notons simplement que la place Beauvau, siège du ministère, donne sur l’Élysée.
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