TOUT EST DIT

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dimanche 30 septembre 2012

Le libéralisme, une réponse à la crise ?

À la suite de l'intéressant billet de Pierre Chappaz sur son blog, il m'a posé, ainsi qu'aux quelques blogs libéraux de la toile, la question suivante : "Pourquoi le libéralisme est LA réponse à la crise". Mais avant de répondre à la question de Pierre, revenons un peu sur le propos de son billet...

Une blogosphère essentiellement à gauche

En quelques lignes, Pierre dresse le constat suivant : les blogs gauchistes ont pris cette habitude, pendant le quinquennat de Sarkozy, de se linker joyeusement les uns et les autres, et d'utiliser les facilités techniques ainsi que leurs penchants naturels au panurgisme pour relayer bruyamment leurs productions. Ce bel effort d'ensemble aura permis de propulser quelques blogs dans le haut des classements réguliers de la blogosphère politique française, nonobstant leur qualité qu'on dira pudiquement ouverte aux fortes marges de progression. Le biais de la presse (maintenant flagrant et plus guère remis en cause), qu'elle soit pure player ou encore traditionnelle, aura largement contribué à ce succès, puisqu'un lien en provenance d'une des figures de proue de ce journalisme de qualitaÿ génère automatiquement trafic et influence du blog relayé.
Dans le même temps et a contrario, les blogs politiques des autres bords, évidemment ceux de droite, ont tenté d'appliquer avec plus ou moins de succès les mêmes recettes. D'une part, la presse ouvertement à droite étant sous-représentée, et d'autre part, étant d'une qualité encore plus discutable que celle de la presse de gauche, pourtant déjà fort médiocre, le résultat ne s'est qu'assez peu traduit dans les fréquentations des blogs correspondants. En somme, la technique groupiste des blogs de gauche marche d'autant mieux que celle de droite ne dispose que d'armes émoussées pour fonctionner.
Au milieu, dans cet espace relativement inconfortable situé entre le marteau et la faucille l'enclume, on trouve quelques blogs libéraux, centristes-libéraux ou seulement centristes dont les affinités avec les uns (de gauche) ou les autres (de droite) sont suffisamment ténues pour qu'ils n'héritent pas de liens réguliers de l'un et l'autre groupe. Ce n'est pas forcément plus mal si l'on ne perd pas de vue que certains liens, par la toxicité intellectuelle de celui qui les émet, risque bien de contaminer un blog a priori innocent.
Le résultat, cependant, est sans surprise : au même titre que la presse française penche dangereusement vers la gauche (au point de s'effondrer, d'ailleurs), la coterie des blogs de gauche a réussi à couvrir, sans beaucoup d'efforts, une partie majoritaire du spectre des blogs politiques.
L'arrivée au pouvoir de Hollande n'a qu'assez peu modifié la situation. Comme prévu et compte-tenu de la capacité d'analyse politique générale à peu près nulle des socialistes, les premiers mois furent plongés dans une euphorie béate. Les blogs de gauche, quasi-paralysés devant tant de bonheur, se sont souvent retrouvés dans la position d'hagiographes mollassons. Heureusement et comme prévu toujours, les boulettes gouvernementales s'accumulant au point de se transformer en avalanche himalayenne, leur travail critique a pu reprendre un peu de poil de la bête (sur un mode pianissimo tout de même, l'allégeance au clan est forte, pour un socialiste).
Ce petit rappel historique fait, revenons-en à la remarque initiale de Pierre : oui, les blogs libéraux sont, finalement, peu présents, et peu regroupés, au contraire de la tendance étatiste, bien représentée à droite comme à gauche. Effectivement, sur le plan purement technique, l'utilisation plus systématique du lien entre blogs, du relai sur Twitter, Facebook ou Google permettrait sans le moindre doute de donner plus de poids aux messages libéraux.
Et lorsqu'on lit certain billet consternant d'inculture politique, mélangeant avec un brio de cuistre joyeux le conservatisme corporatiste grassouillet de l'UMP avec la bouillie médiatique officielle, en croyant déceler dans la presse actuelle un flot de poncifs libéraux, en pratique aux antipodes de ce qu'on peut trouver sur des blogs vraiment libéraux (mais encore faut-il les avoir lus), on ne peut que se dire qu'un travail immense reste à faire pour décrasser les esprits de la purée sans cohérence dans laquelle ils baignent avec la volupté de l'ignorance.
J'incite donc, à la suite de Pierre, les blogs libéraux à se (re)lier entre eux, comme certains le furent il y a quelques temps encore au sein de différents groupes, et, bien plus que ça, à se citer, se retwitter, se liker et se partager plus souvent. Mieux encore : la communauté libérale peut maintenant compter sur un vrai pure-player dédié au libéralisme, dont l'audience grandit chaque jour en apportant une vraie réponse de qualité aux différents sujets que l'actualité fournit : Contrepoints. Que ces blogs n'hésitent plus à faire part de leur production à la rédaction (qu'on peut contacter ici).
Cette question de l'influence des libéraux traitée, reste la question posée au début du billet.

Pourquoi le libéralisme est LA réponse à la crise ?

J'aurai plutôt une autre question : pourquoi le libéralisme ne serait pas la réponse à la crise ?
Après tout, quand a-t-on appliqué un vrai principe libéral dans l'un des pays  actuellement en crise ? À quand remonte le moment où la liberté a été choisie avant la sécurité ou l'égalité ?
On nous serine que pour résorber le chômage, on a tout tenté. Ah bon ? Quand a-t-on essayé de redonner du sens aux mots "contrat de travail entre adultes responsables" ? Quand a-t-on décidé d'alléger le code du travail, de couper des milliers de pages devenues si lourdes qu'aucune entreprise, aucun patron n'est maintenant à l'abri d'un procès ? Quand a-t-on choisi de laisser les entreprises embaucher vraiment qui elles voulaient, qui elles avaient besoin ?
Quand a-t-on, pour la dernière fois, écarté l’État des transactions individuelles ? À quand remonte le moment où les citoyens furent libres de choisir la monnaie qu'ils désiraient pour échanger des valeurs ? Quel fut le dernier moment où l’État a diminué ses prérogatives, en sabrant un ministère ? À quand, exactement, remonte la dernière diminution du budget de l’État ? À quand remonte le moment où les principes, très libéraux, de ne pas dépenser plus que ce qu'on gagne, ont-ils été appliqués en France ?
À quelle date faut-il remonter pour entendre que les députés sont responsables de ce qu'ils dépensent, que les administrations ont effectivement des comptes à rendre aux contribuables, et à quelle date faut-il encore remonter pour voir ces déclarations suivies d'effets ? Jusqu'à quelle archive poussiéreuse faut-il chercher pour retrouver des déclarations tonitruantes d'élus refusant mordicus une nouvelle dépense somptuaire, culturelle ou d'infrastructure qui risquerait de mettre en péril l'équilibre d'un budget (national, régional, municipal) passé sans le moindre emprunt ?
À la plupart de ces questions, il faudra remonter bien loin dans le passé pour trouver une piste de réponse. La vérité, simple et nue, c'est que ce pays n'a plus connu le libéralisme depuis des lustres, ni de près, ni de loin, ni à doses homéopathiques, à tel point que la plupart de ceux qui, atteints de psittacisme, pérorent à son sujet en fustigeant sa trop grande place un peu partout n'en ont jamais vu ni le début d'une once, ni n'en connaissent les rouages. On n'entend plus partout que les histoires agaçantes de stupidité de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a entendu parler du libéralisme (et c'est très gros, très vilain, et ça a des griffes, ça mange les enfants socialistes en rôti le dimanche midi avec une sauce au poivre).
Alors peut-être y a-t-il une solution autre que le libéralisme à la crise. Mais force est de constater que d'une part, le libéralisme, on ne l'a pas essayé, et que d'autre part, toutes les solutions socialistes et collectivistes, elles, ont été largement employées avec le résultat qu'on connaît.
En fait, tenter le libéralisme, ce serait ça, le changement.

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