53% des sympathisants UMP veulent que Nicolas Sarkozy "soit candidat de la droite" en 2017, selon un sondage Ifop-JDD. Mais le candidat déchu de 2012 peut-il vraiment revenir en 2017 ?
dimanche 26 août 2012
Tout ce que Nicolas Sarkozy ne doit pas faire pour réussir son retour en politique
Christian Delporte :
D’abord, il faut dire que le camp Fillon (auquel appartient Valérie
Pécresse) comme le camp Copé ont tout intérêt à ménager dans leur
discours Nicolas Sarkozy, toujours très populaire chez les sympathisants
et plus encore les militants UMP. Faisons donc la part de l’objectif
tactique d’une telle déclaration. Le retour éventuel de l’ancien
président de la République est plus affaire de circonstances que de
paramètres. Il ne peut revenir que s’il apparaît comme l’homme
providentiel de la droite, c’est-à-dire d’une droite déchirée,
sans leader, menacée par le Front national, échouant aux élections
intermédiaires (municipales et régionales de 2014), promise à la défaite
en 2017.
Autrement dit, le retour n’est pas pour
demain, d’autant que celui qui triomphera dans la guerre des chefs de
l’UMP s’appliquera soigneusement à verrouiller le parti et le groupe
parlementaire pour éviter un tel retour. Pour revenir, Nicolas Sarkozy
devra être « appelé », ce qui suppose un mouvement d’opinion à droite,
peut-être suscité par ceux qui auront été privés du pouvoir à l’UMP.
Bref, le retour n’est pas impossible, mais il faudra, pour cela, réunir
un faisceau complexe de circonstances.
Nous sommes dans un pays
paradoxal. D’un côté, on s’irrite ou on s’indigne parce que les
politiques s’accrochent au pouvoir et, de l’autre, on ne peut imaginer
qu’une carrière politique puisse prendre fin. Ailleurs, ce n’est pas le
cas. Bill Clinton, José María Aznar, Tony Blair
ont quitté encore jeunes la politique, après avoir connu le sommet des
responsabilités. Ils n’ont pas cherché à revenir et ont entamé une
deuxième carrière. Que Nicolas Sarkozy souhaite un retour, qui prendrait
inévitablement des couleurs de revanche, c’est possible. Mais il risque
de se heurter aux mêmes obstacles que ceux que vous citez. Car
d’autres, à droite, vont émerger, s’imposer, nourrir des réseaux et des
clientèles.
Le prochain chef de l’UMP et les
éventuels présidentiables feront tout, en coulisses, pour écarter
Sarkozy. La logique est toujours la même : les élus et les cadres du
parti d’abord, les militants et les sympathisants ensuite, se rangent
sous la bannière de celui qui peut les faire gagner. Sarkozy en a
profité en son temps. La question du timing est également essentielle.
On ne peut pas être un éternel recours. Laisser supposer trop
tôt son retour, c’est s’exposer à l’érosion lente de l’espoir qu’il
suscite. Attendre le dernier moment, c’est prendre le risque que le jeu
soit déjà totalement verrouillé. VGE a été doublé par Barre en
1988. En 1995, il espérait apparaître comme le recours dans la guerre
fratricide qui opposait Chirac et Balladur. Peine perdue. Quant à
Jospin, il a fait preuve d’une indécision qui a ravi ses rivaux
socialistes.
Valéry Giscard d'Estaing n’avait
que 55 ans en 1981. Il a tout de suite affiché sa volonté de revenir en
refusant de siéger au conseil constitutionnel, puis en remontant un à
un les échelons de la carrière politique : député en 1984, président du
conseil régional d’Auvergne en 1986, président de la commission des
Affaires étrangères de l’Assemblée nationale en 1987, président de l’UDF
en 1988, tête de liste UDF-RPR aux Européennes de 1989… Mais, à
l’époque, la droite était divisée en deux partis, et sa défaite en 1981
laissait le chemin libre à celui qui avait construit le RPR pour
conquérir l’Elysée : Jacques Chirac. Autrement dit, Giscard
parti, l’électorat de droite ne se sentait pas orphelin. La situation de
Nicolas Sarkozy me semble très différente : la droite républicaine est
réunie sous un seul drapeau et l’UMP n’a pas de leader naturel.
De plus, contrairement à Giscard, Sarkozy est l’héritier d’une droite bonapartiste, pour reprendre la typologie de René Rémond.
Il n’imagine certainement pas une renaissance qui partirait d’un siège
de député à Neuilly. Son modèle serait plutôt celui de l’homme
providentiel qu’on vient implorer comme le sauveur, tel qu’était apparu
le général de Gaulle en 1958. Mais, pour cela, il ne faut pas rester
inactif et notamment, à travers ses amis, peser sur le destin de l’UMP.
En fait, ces 14
années se découpent en deux temps : celui du RPF (1947-1953) où de
Gaulle, après avoir fait trembler la vie politique, échoue à revenir au
pouvoir et celui de la traversée du désert (1953-1958), marqué par son
silence et son isolement. En janvier 1958, seuls 13% des Français, selon
un sondage Ifop, le désignent comme l’homme dont le pays a besoin. Mais
de Gaulle profite à la fois du vide politique, du caractère
exceptionnel de la situation et du flou des clivages politiques.
Il
s’assure de l’appui des principaux partis, y compris des socialistes de
Guy Mollet. Seuls les extrêmes et quelques francs-tireurs, dépourvus de
troupes (Mitterrand, Mendès France), se démarquent de lui. La
crise, aujourd’hui, n’a pas les mêmes caractères. La République n’est
pas menacée d’un coup d’Etat, les institutions fonctionnent et dégagent
des majorités. Du point de vue des politiques, ce serait plutôt
le trop-plein que le vide. Et puis, Sarkozy ne peut se prévaloir de la
légitimité de l’homme du 18 juin.
Ni
Sarkozy ni personne, à vrai dire. Le général de Gaulle pouvait incarner
l’homme providentiel parce que, premier des Résistants, il avait déjà
sauvé l’honneur de la France. Il n’avait exercé le pouvoir qu’un court
laps de temps, comme chef d’un gouvernement provisoire réunissant toutes
les forces politiques de la Résistance.
Après
l’échec du RPF, il était redevenu l’homme du 18 juin. Nicolas Sarkozy,
lui, ne peut prétendre, comme le Général, être « au-dessus des partis ».
En 1958, de Gaulle appartenait déjà à l’histoire ; aujourd’hui,
Sarkozy, encore perçu comme l’homme d’un camp, ne peut prétendre réunir
toutes les forces républicaines autour de lui. Nous sommes revenus à des
temps ordinaires.
Elle
manifeste sa volonté d’affirmer son expérience internationale, de se
rappeler au bon souvenir de ceux qui voudraient l’oublier, mais aussi de
défendre son bilan en matière de politique étrangère, celui dont il est
le plus fier. Nous verrons bien s’il s’agit d’un acte isolé ou,
par de nouvelles interventions, du premier pas d’une stratégie mûrement
réfléchie. Pour l’heure, on peut hésiter. Jusqu’à présent, les
chefs de l’Etat ayant quitté le pouvoir ne se prononçaient pas sur la
politique internationale de leur successeur.
A cet
égard, cette rupture d’un devoir de réserve tacite est inédite. Reste
que Nicolas Sarkozy est membre de droit du conseil constitutionnel. S’il
siège, comme il l’a annoncé, il devra exercer un devoir de réserve
absolu sur les textes qui lui seront soumis. Il faudra décrypter ce
qu’en disent ses plus fidèles amis. Au travers de leurs paroles, on
sentira vite les réelles ambitions de l’ancien président de la
République.
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