TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 26 août 2012

Malgré-nous : le poids des mots 


Les Alsaciens restent légitimistes. Et la présence d’un ministre, hier à Obernai, pour le 70 e anniversaire de l’incorporation de force, a satisfait une majorité des anciens Malgré-nous. Que son arrivée ait été annoncée in extremis, la veille de la manifestation, n’avait que peu d’importance. Dans le cas contraire, d’aucuns auraient sans doute exprimé leur incompréhension, voire leur colère. Grâce aux conseils avisés de Roland Ries, sénateur-maire PS de Strasbourg, le gouvernement a évité un faux pas. Pire, une faute, qui n’aurait pas manqué d’être interprétée politiquement, dans une région ancrée à droite.
On peut regretter que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ait décliné l’invitation du président du conseil régional de présider la cérémonie d’hier. Car sur le fond, le représentant du nouveau gouvernement s’est montré prudent. Sans qu’on sache si cela procède d’une réflexion ou si plus vraisemblablement le ministre ne voulait pas trop s’avancer, pour ne pas ouvrir la porte aux revendications des associations d’orphelins… Certes, Kader Arif, le ministre délégué aux Anciens combattants, a rendu hommage à ces hommes et à ces femmes « laissés seuls face à leur destin, au moment où, en France, les autorités publiques faillirent ». Il a même estimé, un peu curieusement, que « l’Alsace fut un élément de résistance ». Mais à aucun moment, il n’a parlé de « victimes de crime de guerre », à propos des incorporés de force, comme l’avait fait, en 2010 à Colmar, Nicolas Sarkozy. Et encore avait-il fallu attendre 65 ans après la fin de la guerre pour qu’un président de la République aborde les conséquences de l’annexion de fait. Et le ministre n’a surtout pas repris hier l’expression « crime contre l’humanité » de Philippe Richert.
Ces mots forts, témoignant de la continuité républicaine, n’auraient sans doute pas été inutiles dans une région encore trop souvent sur la défensive. On aurait aimé entendre aussi un engagement pour que ces pages, singulières et douloureuses, de l’histoire de l’Alsace puissent être intégrées dans l’Histoire de France. Kader Arif a préféré parler de réconciliation entre notre pays et l’Allemagne. Il est vrai que l’Alsace y a pris sa part. Toute l’Alsace, car autant il était important de rendre hommage aux Malgré-nous, autant il ne s’agit pas d’oublier les autres victimes. Mais ce n’était pas le sujet d’hier.

0 commentaires: