TOUT EST DIT

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vendredi 20 janvier 2012

Pour le meilleur et sans le pire ?

Il est de bon ton de dire que le mariage va mal. On a tort. Oui, sur le papier, le nombre de célébrations (241 000 en 2011) est en baisse régulière depuis dix ans mais si on y regarde de près, c’est un excellent résultat. Longtemps monopolistique, l’exigeant engagement conjugal résiste plutôt bien à la montée en flèche d’un jeune et plus léger concurrent qui a surgi dans son pré carré. Contre toute attente, le PACS (190 000 signatures l’an dernier !) ne l’a pas tué. Ultra-majoritairement hétérosexuel - alors qu’il avait été pensé pour les unions gays et lesbiennes - il est même, de plus en plus souvent, une espèce d’antichambre qui prépare au conjungo... Les deux modèles rivaux sont pratiquement devenus des alliés et la famille, sous toutes ses formes, s’en porte bien si on en juge par l’excellente fécondité des Françaises. Le problème, si on peut dire, c’est le divorce (134 000), en progrès constant. C’est son... succès qui pousse aujourd’hui le gouvernement à lancer «un kit de préparation au mariage civil». Le diagnostic de la secrétaire d’État chargée de la Famille, Claude Greff, est simple. En substance, si les gens divorcent autant, c’est parce qu’ils ont unis leurs destins n’importe comment, dans des conditions improbables, et sans vraiment réfléchir aux implications de leur statut. Qui mesure réellement les devoirs et les contraintes juridiques ultérieures que supposent les trois articles du code civil trop souvent expédiés à la mairie comme s’il ne s’agissait que de folklore ? C’est souvent au moment de la séparation - c’est exact aussi - que les époux s’aperçoivent que ce qu’ils avaient signé n’était pas «qu’un simple bout de parchemin».

L’initiative charitable de l’anonyme sous-ministre n’en est pas moins naïve. Le mariage n’est pas une décision rationnelle dont la réussite tiendrait à une solide information initiale. C’est un acte inconscient - au sens positif du mot - une petite folie qui obéit désormais à l’amour et non plus à l’intérêt ou au calcul, comme au XIX e siècle. Une preuve ? Au temps de l’éphémère, les mariés vous parlent tous d’éternité, y compris ceux qu’une première, voire une seconde expérience, a échaudés... Et tant pis si ensuite, victime du périlleux voyage de la vie à deux, leurs chemins se séparent. Au moins, ils y ont cru ! Alors vouloir encadrer cet élan gratuit jusqu’à l’aveuglement - même avec les meilleures intentions du monde - c’est vouloir discipliner l’indisciplinable. Et réintroduire l’État dans l’intimité du couple... qui s’en était affranchi. Non merci.

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