TOUT EST DIT

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vendredi 20 janvier 2012

Le socialisme “rationnel”

Sous la menace des “perspectives négatives” des agences de notation, sous le regard inquisiteur de la chancelière allemande et de la Banque centrale européenne, que pourraient faire les socialistes s’ils arrivaient au pouvoir ? Augmenter les impôts et faire fuir les patrimoines ? Certes, mais cela a des limites.

Sans marge de manœuvre, que feraient-ils ? De l’idéologie pour sauver les apparences – mais avec des conséquences qui, elles, seraient bien concrètes.

Paris est un bon exemple. La capitale est depuis dix ans le théâtre d’une gestion conduite par une majorité de socialistes et de Verts. Ceux-ci ont recruté un gros paquet de fonctionnaires, augmenté les taxes locales, mais pour autant cela n’a pas été la “guerre”. En revanche, ils sont en train d’organiser le chaos dans la circulation – en donnant libre cours à l’idéologie. Avant la quasi-fermeture des voies sur berges (qu’ils veulent offrir aux piétons), ils commencent, encore un symbole, par la place de la République.

Nos confrères du Nouvel Observateur ont interrogé la semaine dernière le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Celui-ci leur a livré sa « philosophie ». Laquelle commence par cette affirmation : « Il n’est pas rationnel de posséder une voiture dans la ville du XXIe siècle. » Et comme ce n’est pas “rationnel”, le maire va « diminuer l’espace qui lui est consacré » et continuer ainsi « avec le même volontarisme ». C’est-à-dire par la contrainte. Qu’est-ce que la voiture ? Le confort et la liberté d’aller et venir, à son gré, à sa guise. La voiture individuelle n’existait pas dans les régimes collectivistes ; à leur disparition, les peuples libérés se sont jetés sur les voitures, le produit phare de l’économie de marché et du capitalisme. À la campagne comme à la ville, dans des agglomérations de 15 ou 30 millions d’habitants, et même au prix d’embouteillages monstres. Où qu’il soit, l’individu ne veut rien d’autre que profiter de toute la liberté qu’il a pu conquérir. Mais pour un écolo-socialiste, la voiture, c’est l’ennemi, c’est “polluant”. M. Delanoë habille cela en prétendant que ce n’est pas “rationnel” ; au nom de quoi peut-il dire ce qui serait “rationnel” et ce qui ne le serait pas ? En quoi son jugement serait-il plus légitime qu’un autre ? En vertu de sa majorité au Conseil de Paris ? Mais la démocratie consiste aussi à respecter les droits de la minorité. Ou bien nous ne sommes plus en régime de liberté.

Pour démontrer que le fait de posséder une voiture à Paris n’est pas “rationnel”, le maire fournit un argument : « C’est trop coûteux » (5 000 euros par an). Là encore, qui peut fixer le montant de ce qui est coûteux et de ce qui ne l’est pas ? Le budget du téléphone, d’Internet, des loisirs, est-il trop coûteux ? Chacun est encore libre, selon ses besoins, ses désirs, ses moyens, de faire son choix, d’arbitrer, même et surtout si ce choix n’est pas jugé raisonnable par un autre.

Car, suivez bien la “philosophie” de M. Delanoë : après avoir affirmé que le choix de la voiture n’était pas “rationnel”, qu’il était trop “coûteux”, le maire de Paris va, suivant la même logique, dicter votre comportement. Voici comment : « Si vous habitez le XXe arrondissement, dit-il, et que vous descendez au BHV [le grand magasin], je préfère que vous le fassiez en transport en commun – c’est plus écologique. » Il ne dit pas : si vous habitez le VIIIe, le XVIIe ou le XVIe arrondissement (où l’on circule encore) – mais le XXe : un quartier resté populaire. Très intéressant ce réflexe, car c’est en effet toujours sur les classes moyennes et populaires que pèse le socialisme “rationnel”. C’est l’est de Paris, le Paris populaire, qui a été le premier congestionné par les projets de la Mairie, où l’on a barricadé les boulevards pour les interdire à la circulation et dissuader les gens d’avoir une voiture. Aux plus modestes, le transport collectif ; les autres pourront toujours prendre un taxi. Ça, c’est “rationnel” !

Futur candidat dans le VIIe arrondissement de Paris, François Fillon vient de se rendre compte que ses électeurs allaient subir le chaos provoqué par la fermeture des voies sur berges (pour faire du sport et des activités de loisirs) ; il aurait pu se préoccuper aussi, comme premier ministre, de ces quartiers populaires que les socialistes et les Verts asphyxient à Paris depuis des années pour les remplacer par leurs électeurs immigrés ou “bobos”. Les choix du maire de Paris ne sont qu’une illustration de ce que le PS fait partout où il le peut, et cela explique aussi pourquoi le socialisme “rationnel” (on disait “scientifique” au siècle dernier) fait fuir les classes populaires chez Marine Le Pen.

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