TOUT EST DIT

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vendredi 20 janvier 2012

Un choc politique plus qu'économique

Une semaine après la dégradation de la France par une agence de notation financière, on observe que le choc est plus politique qu'économique.

En effet, l'État français n'a eu aucune difficulté, cette semaine, à placer des emprunts sur les marchés pour financer ses dettes ; il a même pu le faire à des taux d'intérêts plus avantageux.

Certes, cela ne préjuge pas de ce qui peut se passer dans les semaines et les mois à venir. La France reste lourdement endettée et si les taux n'ont pas augmenté ces jours-ci, c'est aussi parce qu'ils l'avaient fait dans les semaines précédentes par un phénomène d'anticipation très classique. Nous continuons d'emprunter deux fois plus cher que l'Allemagne. Il ne faut donc pas pavoiser.

Le véritable choc de cette dégradation est plus politique qu'économique. À trois mois de l'élection présidentielle, cela ne peut pas ne pas affaiblir la position du président sortant. Même si celui-ci a pu se dégager quelque peu de cette menace dans son discours, fort adroit, jeudi devant les forces économiques invitées à l'écouter à Lyon.

Nicolas Sarkozy avait trop investi, précédemment, dans le maintien de la notation « trois A » pour ne pas subir les effets de sa suppression, fut-ce par une seule grande agence sur les trois qui existent.

La deuxième conséquence de politique intérieure est d'imposer à son principal adversaire, François Hollande, un recentrage de son discours programmatique ; ce qui l'arrange peut-être, surtout s'il doit être l'élu. Le candidat socialiste peut faire valoir que, dans de telles circonstances, tout n'est pas possible maintenant.

La nouvelle donne favorise aussi François Bayrou qui avait fait, depuis longtemps, de la réduction de la dette publique une priorité.

Une Europe fragilisée

Autre conséquence politique, la fragilisation supplémentaire de l'Europe. En effet, la dégradation de la France nous sépare un peu plus de l'Allemagne qui, elle, garde sa meilleure note. Plus encore, les autres pays dégradés par plusieurs agences, notamment l'Italie et l'Espagne, s'éloignent davantage des meilleurs, y compris de nous.

Tout cela désorganise la zone euro au moment où elle aurait besoin de se resserrer. Certes, des discussions sont en cours pour concrétiser, dans un accord intergouvernemental, les décisions prises en décembre. Mais l'accouchement paraît douloureux.

Il faudra certainement aller plus loin dans la solidarité européenne. Or les pays leaders en la matière ont tous, aujourd'hui, un boulet dans les jambes : la France va voter ; l'Allemagne souffre d'une majorité divisée ; l'Italie traîne la dette la plus lourde du continent.

Le seul avantage politique de la situation présente est que, par sa gravité même, elle peut autoriser des leaders convaincus à dépasser les intérêts individuels et à faire partager par les peuples des initiatives inédites, invendables par temps calme.

Car il ne suffit pas d'avoir raison. Il faut être capable de persuader des populations naturellement absorbées par leurs soucis quotidiens, que des innovations historiques sont les seuls moyens pour surmonter ces soucis, à l'horizon de dix ou quinze ans.

Nous avons moins besoin de « AAA » que d'entraîneurs d'hommes. Convaincus et convaincants.

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