TOUT EST DIT

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vendredi 20 janvier 2012

Face à l'"UMPS", Bayrou veut incarner la "transgression raisonnable"

Dunkerque (Nord), envoyé spécial - François Bayrou en a fait l'une de ses maximes : "Je ne découpe pas les Français en tranches !" Manière d'affirmer qu'il ne fait pas de la politique comme du marketing, en multipliant les discours catégoriels.

Il n'empêche. Le candidat du MoDem à l'élection présidentielle, chantre du "produire en France", a identifié un public à conquérir. Ceux qui "veulent renverser la table", comme il aime à dire, qui désirent "turbuler le système", qui veulent en finir avec le système "UMPS" – une expression qu'utilise souvent Marine Le Pen, comme naguère son père Jean-Marie. Les personnes tentées, en somme, par une "transgression raisonnable", comme l'explique Robert Rochefort, vice-président du parti centriste, face à la "transgression diabolique" qu'incarnerait le Front national.
La théorie était connue. Restaient les travaux pratiques. Pour son premier grand meeting de campagne, jeudi 19 janvier, M. Bayrou a choisi un endroit qui ne doit rien au hasard. Dunkerque, dans un Nord meurtri par la désindustrialisation, dans la région d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où s'implante Marine Le Pen.
HUITS COMMANDEMENTS
Sur la scène du palais des congrès de la ville, M. Bayrou s'est voulu le porte-voix d'un "peuple" appelé à la "résistance". Aux "citoyens", il a livré ses huit commandements : "A l'enlisement, nous allons résister ; à l'appauvrissement, nous allons résister ; à la fuite des activités, nous allons résister ; aux compromissions, nous allons résister ; aux privilèges excessifs et indus, nous allons résister ; à l'illettrisme, nous allons résister ; à l'argent roi, nous allons résister ; à l'affaiblissement de l'Europe, nous allons résister."
Au MoDem, avant ce rendez-vous, on prévenait : "Il répondra à ceux qui l'accusent de populisme." C'est désormais chose faite. "Qu'on forme à partir du mot 'peuple' un qualificatif qui est une injure, c'est révélateur de la manière dont ceux qui se croient les élites regardent ceux qu'ils croient être le peuple", a lancé M.Bayrou.
Le candidat centriste, citant Edmond Rostand, s'est posé en défenseur des "petits, [des] obscurs, [des] sans-grade". "Ce gouffre entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter, le diriger, ce gouffre, c'est sous les pieds de la France qu'il est ouvert. Et c'est la République qui risque d'y tomber", a-t-il tonné.

"Ce que le peuple attend, c'est qu'on le prenne à la bonne hauteur", a poursuivi M. Bayrou. Renvoyant dos à dos le PS et l'UMP, coresponsables, selon lui, de la crise, il s'est fait l'avocat d'une espèce de populisme par le haut. "Sortir de l'euro, c'est plonger les Français dans la misère. Un pays qui doit acquitter les intérêts d'une dette immense, libellée dans une monnaie forte, et qui doit la payer en monnaie faible, ce pays-là sera obligé de se saigner aux quatre veines", a-t-il déclaré, ciblant Mme LePen.
ARGUMENTAIRE DU FN
Au FN, le "cas" Bayrou est désormais pris au sérieux. Un argumentaire contre le candidat centriste a été élaboré. Il consiste à rappeler que M. Bayrou fut, en son temps, un ministre dudit "système" qu'il prétend combattre et qu'il porte les idées européennes qu'accable Mme Le Pen.
La poussée du Béarnais inquiète aussi dans les rangs du PS et de l'UMP. Mercredi, François Hollande a sommé ses troupes de partir à la charge. En attaquant M. Bayrou sur le mystère persistant de l'alliance qu'il entend passer, à droite ou à gauche. Le président du MoDem a répondu, jeudi, en empruntant des mots de François Mitterrand en 1981 : "Prenez-vous les Français pour suffisamment inconstants pour m'élire en mai et me refuser en juin la majorité qui me permettra de remplir les engagements que j'aurai pris avec eux ?"
M. Bayrou sait que, pour parfaire sa crédibilité, lutter contre l'image de solitude que lui renvoient ceux qu'il appelle les "PPP, pour partis provisoirement principaux", il lui faudra afficher de nouveaux soutiens, en plus des récents retours d'ex-compagnons de feu l'UDF, tel Philippe Douste-Blazy.
CONVERSION
Vendredi 27 janvier, M. Bayrou ira à Annecy, pour mettre en scène la conversion de Jean-Luc Rigaut, le maire (Nouveau Centre), et de son adjoint écologiste, Thierry Billet. Ce dernier permet de ne pas afficher des soutiens venant exclusivement du centre droit. "Il peut donner des idées à d'autres écologistes", veut croire Yann Wehrling, le porte-parole du MoDem, ancien secrétaire national des Verts.
Un risque auquel on ne veut croire, en dépit des difficultés d'Eva Joly, dans les rangs d'Europe Ecologie-Les Verts. Où l'on rappelle que M. Billet a été exclu du parti en 2008… pour avoir frayé avec les centristes.

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