Difficile moment que cette campagne présidentielle pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Depuis qu'Olivier Besancenot, candidat du parti en 2002 et 2007, a annoncé en mai qu'il ne se représenterait pas, le NPA s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise. Et la décision d'élire une "coordination de campagne", qui fait revenir sur le devant de la scène des anciens de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) comme Alain Krivine ou François Sabado, ne devrait pas arranger la situation.
Autre son de cloche chez Myriam Martin, également porte-parole du parti, qui pointe une "dualité de directions qui peut surprendre" : "Il y a une ambiguïté qui demeure avec cette volonté de formaliser les choses. Un certain nombre d'entre nous n'était pas opposé à un élargissement du comité exécutif, mais pourquoi l'élire ? Ça laisse dubitatif sur l'efficacité de tout ça..."
UNE "DIMENSION DE TYPE JURASSIC PARK"
Cet épisode illustre une nouvelle fois les divisons profondes qui minent la direction du parti ces derniers mois. Après le congrès de février, le NPA s'est scindé en deux, notamment sur la question du positionnement vis-à-vis du reste de la gauche radicale. D'un côté, aujourd'hui majoritaires, les partisans d'une ligne dure, hostiles à toute discussion avec le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Parmi eux, Olivier Besancenot, Alain Krivine ou Christine Poupin.
De l'autre, les partisans d'un dialogue plus ouvert avec le reste de la gauche de la gauche. Parmi eux, Pierre-François Grond, ancien bras droit de Besancenot, Myriam Martin ou encore Guillaume Liégard, trésorier du parti. Ce dernier voit dans le retour de Krivine et Sabado une "dimension de type Jurassic Park".
"C'est un signal envoyé, affirme-t-il. Ces derniers mois, on est dans la continuité de la négation de ce qu'a été le NPA". A sa création en 2009, le parti d'Olivier Besancenot voulait tourner la page de la Ligue communiste révolutionnaire et ambitionnait de devenir un grand parti de masse. Neuf mille militants avaient alors poussé la porte du parti. Aujourd'hui, officiellement, ils ne sont plus que 6 000.
"C'EST UN BOULOT TERRIBLE"
Illustration de ces divisions, le choix en juin de la candidature de Philippe Poutou, un ancien de Lutte ouvrière (LO). L'enthousiame des troupes pour faire campagne pour cet ouvrier métallurgiste de 44 ans n'est pas toujours au rendez-vous. Inconnu du grand public, le candidat plafonne autour de 0,5 % quand le facteur de Neuilly avait fait 4 % en 2007. Une candidature qui complique d'autant la chasse aux parrainages.
>> Lire notre reportage : "Au NPA, recherche parrainages désespérement"
"C'était le même problème quand Besancenot s'est présenté pour la première fois, souligne Alain Krivine. Les signatures, ça représente un effort matériel énorme pour les militants : il faut faire des centaines de kilomètres, revenir plusieurs fois. C'est un boulot terrible."
Officiellement, une centaine de promesses de parrainages ont déjà été engrangées. Rien d'inquiétant cependant pour Alain Krivine, lui-même candidat à la présidentielle de la LCR en 1969 et 1974 : "Il y a du boulot mais on reste confiants." D'autres voient le temps filer et sont moins sereins. "On va demander aux militants de mettre les bouchées double pendant les vacances de la Toussaint", indique Myriam Martin. "Même dans la majorité, il y a un problème de conviction", affirme pour sa part Guillaume Liégard, avant de lâcher : "Ce ne sont pas les 100 premières les plus faciles à obtenir, mais bien les 100 dernières."
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