TOUT EST DIT

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mardi 6 décembre 2011

La tentation de la planche à billets

La politique est l'art du possible. Mais ce possible ne se présente pas sous le même visage à toutes les époques. Nos dirigeants ont aujourd'hui le choix entre des solutions douloureuses tout de suite ou douloureuses demain, des décisions impopulaires ou très impopulaires. Tout ça n'empêche pas notre président de vouloir rester président et ceux qui ne le sont pas de vouloir le devenir.

L'ambition demeure, mais les impétrants se crispent. La crise économique et ses injonctions les poussent à bout, alors ils craquent et parlent de l'Allemagne comme on n'osait plus le faire. « Le péril teuton est de retour, le nationalisme allemand menace, Bismarck mobilise ! » Pourquoi ne pas lancer un grand emprunt pour financer une nouvelle ligne Maginot ? Voilà qui relancerait la croissance et paierait la dette.Sauf qu'on se demande qui veut encore prêter. L'Allemagne si vertueuse, qui sert les salaires et les dépenses publiques, l'Allemagne si compétitive, qui exporte comme jamais, l'Allemagne si attachée à son triple A, a eu bien du mal, ces derniers jours, à placer sa dette sur les marchés. L'Allemagne, comme un pays alangui au bord de la Méditerranée, fait peur aux créanciers.

Au lieu de pointer les différences culturelles et de cultiver les clichés désobligeants, la classe politique européenne, ou plutôt la classe politique des nations qui tentent de composer l'Europe, pourrait pointer la dette comme dénominateur commun à la situation qui règne dans nos États pour mieux trouver des solutions efficaces parce que communes.

Dans la zone euro, on trouve des pays dont la (faible) croissance repose sur la consommation, d'autres sur la production, des pays qui ont fait le pari de l'industrialisation, d'autres qui ont laissé partir les usines, des pays qui s'appuient sur un tissu de PME, d'autres sur des mastodontes, des pays qui croient à la solidarité, d'autres à l'initiative individuelle. Mais tous ou presque connaissent un problème de dettes.

L'Allemagne n'a pas toutes les vertus économiques, mais elle mesure les effets dévastateurs de l'inflation, qui fut l'une des causes de l'arrivée au pouvoir des nazis. Elle sait aussi que son avenir est menacé par le vieillissement d'une population qui devra pouvoir compter, quand les bras et les cerveaux manqueront, sur des actifs solides et non rongés par la dépréciation de la monnaie.

On peut comprendre alors sa peur de la planche qui multiplie les billets en même temps qu'elle détruit leur valeur, et donc de ce qu'on appelle aujourd'hui pudiquement « la monétisation de la dette ». Voilà pourquoi Angela Merkel rechigne à ce que la Banque centrale européenne achète les dettes des pays les plus menacés par leurs créanciers et cède à la facilité de créer de la monnaie pour les rembourser.

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