TOUT EST DIT

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mardi 6 décembre 2011

La sale victoire de Russie unie

Vladimir Poutine sera, selon toute vraisemblance, réélu président en mars 2012. Mais c'est une énorme gifle que les électeurs russes ont assénée à l'homme fort du Kremlin. À peine levé le secret de Polichinelle du retour de Poutine au sommet pour un troisième mandat, son parti a subi ce qui, au regard des moyens déployés, s'apparente à une Berezina : non seulement Russie unie a perdu 15 points et 77 sièges de députés, mais il a gagné pour de bon le titre de « parti de la triche ».

Les opposants, soigneusement muselés durant la campagne, ont beau jeu de monter en mayonnaise les irrégularités qui ont émaillé le dépouillement. Mais leurs accusations sont corroborées par les observateurs de la très sérieuse Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui parle de violations de procédure dans le décompte des voix et de « bourrage des urnes ». Et elles alimentent la méfiance à l'étranger, où, de Washington à Berlin en passant par Paris, on demande que la lumière soit faite sur cette élection sur mesure.


Poutine, dont la popularité reste enviable, parle d'un résultat « optimal ». En un sens, c'est vrai : sans être hégémonique ni même majoritaire en voix, son parti parvient, ô miracle, à garder la majorité absolue à la Douma, sans pouvoir cependant modifier seul la Constitution. Que demande le peuple ?

Cela ne suffira pas à sauver les apparences démocratiques dans un pays habitué depuis très longtemps à la propagande officielle. Avec un tiers de ses habitants connectés à Internet - la plus belle progression récente en Europe -, la Russie n'est pas plus dupe des manigances de ses gouvernants que les peuples arabes en révolte ne l'étaient ou ne le sont chez eux. On notera ce que cette extension du domaine de la Toile doit au passionné de nouvelles technologies qu'est Dmitri Medvedev. Et on ne jurerait pas que l'actuel président, obligé de céder son fauteuil après l'avoir gardé au chaud, soit fâché du camouflet que ses concitoyens viennent d'administrer au tandem qu'il forme avec son puissant Premier ministre.

La sale victoire de Russie unie n'a sans doute pas changé le scénario rêvé de Vladimir Poutine, qui se voit déjà de retour au sommet jusqu'à 2020 et au-delà. Mais les électeurs, qui supportent de plus en plus mal la démocratie de façade, ont déjà rebattu les cartes.

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