À la veille du sommet, les dirigeants européens ont tenu une réunion de crise extraordinaire pour riposter à la décision d'Athènes de faire un référendum sur le plan d'aide. Un nouveau rendez-vous est prévu jeudi.
Un double sommet de crise avant le vrai sommet! C'est le traitement de choc que l'Europe s'est infligé au cours des dernières heures pour cause de crise grecque. Bouleversant totalement l'agenda préétabli, les dirigeants européens se sont retrouvés mercredi en fin d'après-midi à Cannes, à la veille de l'ouverture officielle du G20, pour tenter de remettre de l'ordre dans leur maison. Les fondations de l'euro ont été fortement ébranlées par la décision surprise du premier ministre grec, Georges Papandréou, de soumettre l'accord conclu entre dirigeants européens, le 27 octobre à Bruxelles, à un référendum. Convoqué pour venir s'expliquer sur cette décision, le dirigeant grec est reparti de Cannes mercredi soir tard.
Dans une conférence de presse, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont fait preuve d'une très grande gravité, tant dans la forme que sur le fond. «On ne laissera pas détruire l'Europe et l'euro», a lancé Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État a détaillé trois points clés. Le premier est la mise en œuvre accélérée des décisions du sommet du 27 octobre dernier. Une réunion des ministres des Finances avec la Commission européenne est prévue dès aujourd'hui pour mettre concrètement en œuvre le plan adopté.
Nicolas Sarkozy a annoncé ensuite que les dirigeants européens sont toujours prêts à aider la Grèce, ce qui «implique que la Grèce remplisse ses engagements». Enfin, le chef de l'État à tenu à préciser que le sixième versement, d'un montant de 8 milliards d'euros, ne sera octroyé que si Athènes adopte l'ensemble des mesures décidées lors du dernier sommet.
Un référendum possible le 4 décembre
Concernant le référendum, les deux leaders européens ont été là encore très directs. Ils attendent un vote le plus vite possible. Georges Papandréou a précisé qu'il devrait se dérouler le 4 décembre. Sur le fond, certes, le peuple grec est souverain mais Nicolas Sarkozy a tenu à indiquer que la seule question acceptable était : «La Grèce veut-elle rester ou non dans la zone euro ?» Et d'ajouter : «Nous le souhaitons». Il a également lancé «un appel solennel pour qu'un consensus politique puisse être rapidement réuni en Grèce».
Ces messages semblent avoir été bien compris par le premier ministre grec qui a tenu à préciser quelques minutes après les déclarations d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy: «Quelle que soit la question posée, ce référendum reviendra à savoir si la Grèce veut rester dans la zone euro».
Les pays européens membres du G20 se retrouveront ce matin, pour une nouvelle réunion de crise sur la question grecque, avant l'ouverture officielle du sommet qui débutera à midi. Un ballet diplomatique qui s'opère sous l'œil de plus en plus inquiet des autres membres du club des vingt pays les plus riches de la planète. Pékin «ne peut envisager d'augmenter son investissement dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF) compte tenu du manque de précision des propositions visant à augmenter sa force de frappe», a déclaré le secrétaire d'État aux Finances chinois Zhu Guangyao, alors qu'au même moment son président Hu Jintao tenait un dîner de travail avec Nicolas Sarkozy.
La carte de la fermeté
Révélateur de l'inquiétude générale, le FESF a dû renoncer mercredi à lever 3 milliards d'euros à cause de «conditions détériorées» sur les marchés. Klaus Regling, son directeur, souhaite visiblement attendre le vote des députés grecs demain. Mais le signal est troublant, au moment où la zone euro veut courtiser les investissements chinois, russes ou brésiliens, dont les grands dirigeants seront tous présents à Cannes, ce jeudi. Autre signe d'inquiétude : l'écart de taux d'intérêt entre les emprunts français et allemands à dix ans a atteint hier un niveau record de 130 points de base, soit 1,3 %. Jamais depuis la création de la zone euro, Paris n'avait emprunté aussi cher comparativement à Berlin.
La riposte européenne à la décision du gouvernement grec s'est opérée sous deux formes. D'abord, dramatiser l'enjeu. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a estimé qu'un rejet du plan de sauvetage aurait des conséquences politiques incalculables. Deuxième angle de riposte, la carte de la fermeté, jouée par Paris : «Nous regrettons solennellement (…) cette annonce prise de façon unilatérale, a déclaré le premier ministre François Fillon à l'Assemblée nationale. Les Grecs doivent dire vite et sans ambiguïté s'ils choisissent ou non de garder leur place dans la zone euro».
jeudi 3 novembre 2011
Sauvetage de la Grèce : l'Europe pose ses conditions
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