TOUT EST DIT

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jeudi 3 novembre 2011

Sur un champ de mines

Nicolas Sarkozy rêvait d'un G20 « français » réussi qui lui dégage un boulevard vers sa réélection. Patatras ! Il ouvre le sommet des patrons politiques du monde, « son » sommet, sur un champ de mines qui menace de se transformer en champ de ruines si les managers de la planète libérale ne trouvent pas rapidement les bons coupe-feu à la crise de l'Euro(pe). Le Président se rêvait en patron de la planète. Il se retrouve engoncé dans un uniforme de démineur d'urgence. Bref, contraint de ranger aux accessoires les trois dossiers sur lesquels il espérerait capitaliser : réforme de la gouvernance mondiale, régulation des marchés financiers, maîtrise des prix agricoles. Ces sujets essentiels vont être délaissés à Cannes ; c'est une mauvaise nouvelle, pour Nicolas Sarkozy, pour tout le monde.

Devant le scénario catastrophe qui se profile, avec ou sans la Grèce, le président français engage au G20 une partie d'autant plus délicate qu'il l'aborde en position de faiblesse, pas seulement du fait de Papandréou. En trois ans, sa parole tonitruante ¯ souvenez-vous des diatribes contre les marchés financiers et les paradis fiscaux ¯ s'est singulièrement dévaluée, faute d'avoir franchi l'épreuve des faits. Son leadership européen s'est dilué dans un tandem germano-français dont Angela Merkel est à l'évidence le moteur... et le frein.

Son bilan économique mitigé, marqué par une lourde menace sur la capacité de la maison France à emprunter (le fameux triple A), ne lui donne aucune marge de manoeuvre. Face à Obama et Hu Jintao, Nicolas Sarkozy est en panne d'autorité, quand bien même ces deux-là débarquent à Cannes avec leurs propres turpitudes : Obama champion de la planche à billet, Hu Jintao adepte d'une monnaie sous-évaluée.

L'électrochoc grec

Le G20 est pourtant condamné à produire des résultats concrets et immédiats, car derrière le maillon faible de la Grèce chacun sent que toute la planète libérale vacille au bord du gouffre. Les taux d'intérêts asphyxiants subis par l'Italie ne relèvent pas du fantasme. Dans « l'économie monde », en perte de repères et de croissance, tout le monde se tient par la barbichette.

Dans « l'économie monde » seule une réponse collective, cohérente et solide, peut donc déjouer les pièges des marchés et éviter le krach économique. S'il ne veut prendre le risque d'accélérer la catastrophe en germe, le G20 n'a pas le choix. Il lui faut rassurer avec clarté sur la capacité réelle de l'Europe et de ses partenaires à faire face financièrement aux aléas grecs, italiens et autres. Ce G20 doit s'inscrire dans une volonté politique fermement partagée de sauvetage durable. Cela fait de trop long mois que les marchés tordent le bras des politiques du fait de leur pusillanimité, leurs égoïsmes nationaux, leurs divergences. Puisse l'électrochoc grec les réveiller à Cannes.

Cela fait trop longtemps aussi, qu'aveuglés et tétanisés par les marchés, les politiques s'éloignent des préoccupations concrètes de leurs citoyens. La configuration lourdement technocratique des plans de rigueur servis à répétition, partout en Europe, est un danger réel pour la démocratie. Là aussi, pour les « patrons » du monde, l'urgence cannoise est de prendre conscience que le bon fonctionnement de la politique, en temps de crise, ne consiste pas à imposer d'autorité aux peuples des potions d'austérité sans autre forme de discussion. Sauf à risquer des effets boomerangs non maîtrisables.

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