mercredi 12 octobre 2011
Malgré la division
Personne ne pouvait croire sérieusement, dans un contexte de chômage massif, que la journée de contestation et de manifestations de ce 11 octobre allait déboucher sur un rebond de mobilisation important. Le service syndical minimal était affiché en gare, où la CGT a dû renoncer ces derniers mois à ses leviers de mobilisation mécanique, comme dans le privé, où les organisations représentatives ne parviennent pas à s'implanter significativement.
Les syndicats n'ont pas fini de payer la note de leur long combat perdu contre la réforme des retraites en 2010. Autant que le prix de leur incapacité à peser durablement sur les décisions du gouvernement et à emmagasiner des résultats tangibles dans les entreprises.
Privés d'une cible de contestation aussi emblématique que les retraites, les syndicats ont renoué depuis la rentrée avec les vieux démons, sinon de la division, du moins d'une unité limitée et de façade. Le ciment anti-austérité, qui agglomère dans l'action CGT, CFDT, FSU, Solidaires et Unsa, est aussi fragile que leurs convictions et leurs intérêts sont divergents. Il n'est que défensif. Enfin, la période d'une élection politique majeure est traditionnellement propice à l'arrêt des hostilités conflictuelles, ou plutôt au transfert des frustrations et des revendications sociales sur le terrain directement politique.
Mieux que le minimum syndical
Et pourtant, on doit reconnaître que les nombreuses manifestations de terrain d'hier ont assuré sensiblement mieux que le minimum syndical, pour plusieurs raisons. La raison d'opportunité, illustrée par les perturbations de la fonction publique et surtout du transport, est celle des élections professionnelles (elles s'achèvent le 20 octobre) qui concernent actuellement pas moins de 3,5 millions de fonctionnaires. L'enjeu s'annonce déterminant pour les grandes confédérations - CGT, CFDT -, qui jouent leur leadership. Mais aussi pour les petits syndicats (CFTC, CFE-CGC...) qui jouent leur peau dans le cadre des nouvelles règles de représentativité. D'où une surenchère classique de combativité.
Plus globalement, le relatif succès local de cette journée d'action symbolique s'appuie à la fois sur la braise de conflits de proximité enracinés dans l'industrie (Marseille, Gandrange, Vénissieux) et, surtout, sur un climat de refus grandissant de la politique de rigueur. Le gouvernement devrait légitimement s'en inquiéter. Les sondages n'indiquent pas seulement un rejet un peu vague de l'austérité. Ils constatent que la contestation plonge ses racines dans la réalité vécue et les mesures concrètes annoncées.
À cet égard, le gouvernement s'est lourdement trompé en croyant qu'il pouvait taxer, une nouvelle fois, les complémentaires santé sans autre forme de procès ou de discussion. Il n'a pas mesuré que, dans le contexte d'un accès à la santé de plus en plus cher et inégalitaire, c'était le signal de trop d'une politique discriminatoire. Peut-être ne mesure-t-il pas mieux, aujourd'hui, les effets à moyen terme de la mise en panne délibérée de la démocratie sociale. Même la présidente du Medef, Laurence Parisot, s'en désole, c'est dire...
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