TOUT EST DIT

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mercredi 12 octobre 2011

Agonie d’un quotidien


La fin de France-Soir se profile. Toute la presse papier va mal et des journaux disparaissent. Actuellement placé sous procédure de sauvegarde depuis août dernier par le tribunal de commerce de Paris, le quotidien envisage de supprimer prochainement son édition papier pour conserver uniquement son site Web. L’abandon du papier devrait s’accompagner d’un plan social. Et de la suppression de 80 postes sur 120. Les salariés du journal ont aussitôt voté la grève.

Le quotidien avait été racheté en 2009 par l’homme d’affaires milliardaire Alexander Pugatchev, fils d’oligarque russe. Propriétaire et président de France-Soir, il avait fait couler beaucoup d’encre dans la presse de gauche en déclarant en février dernier dans Libération : « Les idées de Marine Le Pen me plaisent. »

Les journalistes de la rédaction du journal fondé par Pierre Lazareff avaient vu rouge. Eux qui craignaient que le journal ne devienne l’organe de presse de Sarkozy… La rédaction avait alors publié un communiqué réaffirmant qu’elle veillerait scrupuleusement à son indépendance éditoriale. Tandis que le syndicat SGJ-Force Ouvrière de France-Soir annonçait qu’il guetterait tout dérapage. Façon Pravda.

Finalement Pugatchev et sa rédaction risquent de ne pas voir la présidentielle 2012. Après une perte d’exploitation de 31 millions d’euros l’an passé, les résultats sont restés dans le rouge, France-Soir accusant une perte de 12,8 millions d’euros fin juin.

La relance du titre en début d’année, à grands frais (60 millions d’euros) et grand renfort de promotion, n’a pas permis d’enrayer la baisse inexorable des ventes qui se sont établies à 59 102 exemplaires de diffusion sur les huit premiers mois de l’année, contre près de 64 000 exemplaires un an plus tôt. L’objectif visé était de franchir la barre des 200 000 exemplaires.

Le titre célèbre qui a connu ses heures de gloire dans les années cinquante (à l’époque France-Soir s’écoulait à 1,5 million d’exemplaires chaque matin !) a accumulé des pertes abyssales.

Sur l’impulsion de son nouveau patron russe, l’équipe aux commandes a pris des risques comme l’augmentation du prix de vente de 60 centimes tout en tentant de séduire un lectorat plus jeune et plus féminin. Total : c’est la réduction drastique du cahier hippique, qui fidélisait une base de lecteurs fidèles, qui a été la plus préjudiciable aux ventes du titre. Comme quoi, il ne faut jamais renier ce que l’on est.

Présent qui n’a jamais renié ce qu’il est (transition facile) ni renoncé à son cahier hippique, n’a ni milliardaire russe dans sa poche, ni 60 millions à mettre dans sa promotion. Et pourtant il tourne. Modestement, sur le fil du rasoir chaque jour, mais survivre c’est encore vivre. Au mois de janvier 2012, Présent aura 30 ans. Pas mal pour un journal que beaucoup jugeaient mort-né avant qu’il ne naisse. Souvenez-vous que nous n’avons que vous.

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