En politique aussi, la jalousie est mauvaise conseillère. Mais quelle mouche a-t-elle piqué Nicolas Sarkozy pour qu’il se laisse aller à manifester son agacement contre les primaires de la gauche? Le président de la République joue perdant-perdant dans cette affaire... qui ne le concernait pas. Il donne l’impression d’être mauvais joueur et il s’abaisse à descendre sur le terrain de la politique intérieure qu’il se faisait fort, pourtant, de dédaigner: n’était-il pas résolu à rester sur les hauteurs, moins périlleuses pour son image, des grands enjeux internationaux?
Gardien de la constitution, le chef de l’État s’est senti obligé d’en faire une interprétation toute personnelle afin de disqualifier le double rendez-vous électoral de la gauche qui, selon lui, détournerait l’esprit de la V e République. Un postulat plus inspiré par le ressentiment politique que par une analyse rigoureuse du droit constitutionnel.
En quoi ces primaires qui consultent le peuple directement et sans exclusive seraient-elles incompatibles avec l’esprit d’un scrutin vu par le Général comme la rencontre d’un homme (d’une femme) avec le pays ?
Le reproche présidentiel est d’autant plus singulier que si Nicolas Sarkozy avait conquis l’UMP en 2005, c’était pour s’imposer comme le candidat incontestable du grand parti de la majorité ! Un chemin électoral logique soigneusement balisé et une approche parfaitement légitime, certes, mais pas une démarche particulièrement gaulliste...
Circonstance aggravante, le futur prétendant à sa propre succession joue perso et marque contre son camp. A quoi bon critiquer un processus que son propre Premier ministre et de nombreuses personnalités UMP ont jugé «moderne» et d’avenir, pour la droite comme pour la gauche?
Voilà le chef de l’État surpris en plein agacement anachronique au moment même où il pourrait profiter des tensions inévitables du PS. Quand Arnaud Montebourg, allié objectif de l’Élysée, sème un désordre inespéré chez l’adversaire socialiste, il a gâché une formidable occasion de se taire. Aurait-il oublié que son silence est d’or? Que ses chances de réélection tiennent, pour partie, à sa capacité à garder sang-froid, à résister à son tempérament colérique - son pire ennemi- et à apparaître comme un rassembleur serein des siens? Seule explication rationnelle, l’attente d’une naissance imminente a peut-être fini par lui porter sur les nerfs.
Les dirigeants de l’UMP qui pleurnichent, avec une mesquinerie infantile, sur le temps consacré par les médias à la compétition à gauche n’ont même pas cette excuse. Comme si la télé avait encore un pouvoir magique sur les électeurs quand elle ne peut prétendre qu’à rendre fous les états-majors politiques.
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