TOUT EST DIT

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samedi 17 septembre 2011

L’abolition, un combat loin d’être terminé...

Pour le Front national c’est une figure imposée. De passage sur le plateau de TF1, jeudi soir, Marine Le Pen n’a pas manqué de plaider pour le rétablissement de la peine de mort et de promettre un référendum sur le sujet si elle était élue. Ce n’était pas pure bravade: en 2006, un sondage n’avait-il pas mis en évidence que 42% des Français restaient favorables à la restauration de la sentence capitale ? La présidente du FN sait parfaitement que cette proposition n’a aucune chance d’aboutir mais elle a voulu flatter le sentiment d’une partie non négligeable de l’opinion française trente ans - pile - après l’abolition proposée par Robert Badinter, discutée et votée par l’Assemblée nationale les 17 et 18 septembre 1981.

Depuis, la ratification par la France du protocole de la Convention européenne des droits de l’homme puis la révision constitutionnelle de 2007, pourtant, ont rendu impossible - ou presque - tout retour en arrière. Mais le progrès de civilisation, initiée par les philosophes des Lumières dès le XVIII e siècle et que Jacques Chirac résuma en 2001 en déclarant que «Jamais la mort ne peut constituer un acte de justice», est loin de s’être imposé dans tous les esprits. La question reste latente dans l’inconscient collectif de notre pays. On le voit bien: à chaque fois qu’un crime particulièrement spectaculaire surgit dans l’actualité, la tentation de l’exécution du meurtrier grimpe proportionnellement à l’émotion suscitée par les faits. Personne n’ose imaginer ce que donnerait aujourd’hui le résultat d’une nouvelle enquête d’opinion sur la question au lendemain d’un meurtre d’enfant... Mais en dépit de l’importance prise par les thèmes sécuritaires dans le débat public, la classe politique, dans son ensemble, a tenu bon. Elle n’envisage pas un instant de rouvrir ce dossier, y compris pour les auteurs d’actes de terrorisme sanglants. Une proposition de loi du RPR allant dans ce sens, en 2004, fit long feu.

L’abolition - que la France fut l’un des derniers pays occidentaux à décider - va dans le sens d’une évolution constante de l’humanité. Plus de 140 pays sur 193 n’appliquent plus la peine capitale. Mais cette avancée reste très relative puisque 60% de la population mondiale vit dans des États où les exécutions capitales ont toujours lieu. Parmi eux, les dictatures bien sûr, mais aussi les quatre pays les plus peuplés de la planète: la Chine, l’Inde, l’Indonésie et... les États-Unis.

Ces derniers, dont 15 États de la fédération sur 50 ont désormais renoncé à la peine de mort, se convertissent peu à peu à «la perpétuité réelle». Mais nombre d’élus de la droite républicaine considèrent toujours la mort comme un châtiment approprié. Sans aucun état d’âme. Parmi eux, Rick Perry, gouverneur du Texas, l’un des challengers les plus sérieux de Barack Obama pour conquérir la Maison Blanche en 2012...

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