samedi 17 septembre 2011
Les rentiers de la gloire
C'est en pays conquis - aux deux sens du terme - que David Cameron et Nicolas Sarkozy ont débarqué hier. Un accueil de héros devant des foules en liesse, des hommages vibrants rendus à leur action. En retour, leur discours, lyrique, axé sur la réconciliation et l'unité du pays avait la hauteur de vue qui convenait à cette première visite de dirigeants occidentaux en Libye depuis la chute de Kadhafi. Pour deux chefs d'État en délicatesse avec leur opinion publique, cette journée avait valeur de baume salvateur. Elle s'est apparentée à une tournée des vainqueurs venus retirer, en rentiers de la gloire, les bénéfices d'un engagement précoce et déterminé dans le conflit libyen. Bon pour le moral et l'ego, cet accueil enthousiaste à Tripoli et Benghazi n'aura pas forcément de répercussions sur la popularité des deux chefs d'État une fois de retour au pays, tant la politique internationale à peu d'impact en la matière. En revanche, l'Angleterre et la France peuvent espérer marquer des points dans la captation du juteux marché pétrolier libyen. S'agissant de Nicolas Sarkozy, cette journée lui a aussi permis de conforter son image présidentielle, dans les pas d'un François Mitterrand en visite à Sarajevo sous les bombes. Et le choix opportun de la date lui permet de dégonfler l'impact médiatique du premier débat de la primaire socialiste. D'un côté un président ovationné par un peuple qui se libère d'un tyran, de l'autre des candidats du PS se chamaillant dans une lutte partisane. L'effet d'image est flagrant. Moins géostratégique, mais pas moins important pour l'usage hexagonal qu'il entend en retirer.
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