La Banque centrale de Chine est prête à soutenir les pays en difficulté pour rembourser leur dette. Le rachat par l'Empire du Milieu d'obligations européennes pourrait calmer les marchés et sortir la zone euro de la crise. Mais cette générosité n'est pas sans contreparties : Pékin espère bien aussi en tirer quelques dividendes sur le plan diplomatique
Rachat d'obligations italiennes ou non ? En milieu de semaine, le bruit d'un rachat de titres d'Etat italiens par la Chine a donné une bouffée d'oxygène aux marchés financiers européens. Les bourses ont terminé mardi 13 septembre sur un net rebond. Une information qui a également renforcé l'Euro, au plus mal depuis ces derniers mois : il s'échangeait à 1,3692 dollar dans la soirée.
La Chine à la rescousse de l'Europe…
Très vite les rumeurs ont été démenties par l'Italie. Reste que l'hypothèse d'un soutien de la Chine à destination de la zone euro est particulièrement prise au sérieux par les marchés. La Banque centrale de Chine est prête à soutenir les pays en difficulté pour rembourser leur dette. "Nous soutenons la zone euro dans ses efforts pour s'attaquer à la crise de la dette", a déclaré vendredi Mme Jiang Yu, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Et la Chine est déjà venue à la rescousse de pays de la zone euro en difficultés ces derniers mois.
Fin mai, Pékin avait fait part de son intention d'acheter des titres de dettes émis par le Fonds européen de stabilité pour le Portugal. En janvier, la Chine avait acheté des titres européens destinés à renflouer l'Irlande. Et dès le début de la crise, la Chine était venue en aide à l'Europe malade de ses dettes. En début d'année, le pays avait acheté des obligations d'Etat espagnoles pour une centaine de millions d'euros. L'Empire du Milieu s'est également engagé à acquérir des obligations grecques.
Il faut dire que les réserves de change de la Chine sont les plus élevées du monde. Elles ont dépassé en 2011 les 3.000 milliards de dollars. Une cagnotte qui a rapidement augmenté ces dernières années avec l'afflux des investissements étrangers en Chine, les forts excédents commerciaux --plus de 183 milliards de dollars en 2010-- et, en partie, l'entrée d'argent spéculatif. Pékin multiplie ces dernières années ses efforts pour diversifier ses réserves de changes, jusque là en grande partie investies en bons du Trésor américain. Au programme, évidemment, de l’achat d’or mais aussi d’euros. La monnaie unique est ainsi devenue la deuxième monnaie de réserve mondiale.
…Sous certaines conditions
Les promesses d’aide de la Chine sont évidemment intéressées. L’Empire du Milieu a tout intérêt à voir se maintenir un euro fort, en particulier face au dollar et au yuan. Cela favorise ses exportations vers l'Europe, son premier partenaire commercial. Pékin avance ses pions économiques sur le Vieux Continent, en profitant des difficultés dans la zone pour acheter des infrastructures – portuaires essentiellement (port du Pirée).
Pékin espère bien aussi tirer de sa générosité financière quelques dividendes sur le plan diplomatique, avec deux priorités : obtenir la fin de l'embargo sur les armes, et décrocher le statut d'"économie de marché"."Selon le calendrier de l'Organisation mondiale du commerce, le statut d'économie de marché à part entière sera reconnu à la Chine en 2016. Si les pays de l'UE peuvent faire preuve de sincérité quelques années plus tôt, cela refléterait notre amitié", a déclaré le Premier ministre Wen Jiabao. "J'espère qu'il y aura des avancées sur ce sujet lors du prochain sommet UE-Chine". Une manière de mettre la pression sur les gouvernements européens, puisque ce statut permettrait d'éviter de payer des droits de douane.
La Chine pourra-t-elle sauver l’Europe à elle toute seule ? Si elles rassurent, les promesses d’aide de la Chine – au Portugal ou à la Grèce par exemple – n’ont jusqu'à présent pas suffit pour durablement calmer les marchés.
mardi 20 septembre 2011
CRISE – La Chine, sauveur de l'Europe ?
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