Il y a des amis dont on se passerait volontiers. Ceux qui, de bout en bout, vous portent la poisse, mais auxquels les hasards intéressés de la vie vous lient au-delà de la raison. Le couple politique que forment Martine Aubry et DSK avait-il vraiment un avenir alors qu’il reposait, depuis des années, sur des bases illusoires ?
Déjà, l’ancien ministre de l’Économie de Lionel Jospin avait lesté sa partenaire gouvernementale de l’encombrant bébé des 35 heures, qu’il avait conçu, mais dont il ne reconnut jamais la paternité, laissant à sa petite camarade le soin d’assumer seule sa responsabilité. Les chemins de l’improbable duo divergèrent dans les plaines désespérantes de l’opposition avant de se croiser à nouveau, en 2008, à Reims. Le sacre, un peu volé, de la nouvelle première secrétaire du PS ne fut possible qu’avec le soutien des Strauss-Kahniens...
Efficace et pragmatique, la patronne des socialistes admit assez vite, en échange, l’ascendant pris dans les sondages par l’homme de Washington, magnifié à la fois par la distance et par sa dimension internationale. Loyale, elle finit par voir en lui l’incontournable vainqueur à la présidentielle que la gauche attend depuis 1988. Et composa avec cette réalité.
Obligée d’attendre dans l’antichambre de la présidentielle que Monsieur 63% ait fini de se mettre en condition à New York avant de se décider à conquérir l’Élysée, la première secrétaire resta ligotée à son fauteuil de la rue de Solférino. Contrainte de regarder s’élancer François Hollande... qui en profita pour prendre une avance dont on mesure aujourd’hui l’importance.
Le funeste 14 mai, les frasques du favori déchu la laissèrent dévastée. Elle se dévoua bravement pour entretenir la façade de la maison PS éclaboussée par le déshonneur. Puis, enfin, elle se lança, conquérante... Mais l’éclat qu’elle voulait donner à sa candidature fut aussitôt éclipsé - cruel hasard de la chronologie - par la révélation des mensonges de Nafissatou Diallo ! La curiosité qui s’était fugitivement portée sur elle, repassa de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis ce décollage raté, la campagne Aubry n’a jamais trouvé sa vitesse de croisière.
Écartelée entre ses valeurs féministes et sa fidélité à un homme à terre dont elle défendit courageusement la présomption d’innocence, «Martine» dut se résoudre, tardivement, à adopter une prudente réserve sur les comportements de «Dominique» avec les femmes. Est-ce cette petite trahison, légitime, que DSK a voulu lui faire payer en la compromettant par deux fois dimanche soir en révélant qu’il devait être candidat aux primaires du parti et que Martine Aubry aurait renoncé à l’être ? «Le pacte de Marrakech», ce n’est pas un titre très vendeur pour une héroïne de gauche, prise en flagrant délit de mensonge, puisqu’elle avait nié l’existence de tout arrangement. Et si c’était sur Martine Aubry que le piège, évoqué sur TF1, s’était finalement refermé ?
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