lundi 28 mars 2011
Trois enseignements pour 2012
Personne n'imaginait que les cantonales, élections d'abord locales, fourniraient autant d'indications nationales pour 2012. Au terme d'un second tour qui confirme le désintérêt des électeurs, la défaite de l'UMP au profit du PS, et un statu quo dans l'Ouest, trois enseignements peuvent être tirés.
Le premier : le Front national s'enracine, mais ne transforme pas l'essai. L'abstention dont sont victimes le parti présidentiel et, dans une moindre mesure, le Parti socialiste, explique que l'extrême droite ait pu accéder au second tour et conquérir une poignée de sièges avec l'aide d'une frange d'électeurs UMP.
La balle est à présent dans le camp des « républicains acceptables », selon l'expression d'Alain Juppé. S'ils privent, à l'avenir, le FN de toute alliance et s'ils donnent, à travers des candidatures et des projets sérieux, des raisons de dynamiser la participation à la présidentielle, ils peuvent écarter le risque extrémiste.
Il n'empêche que la rivale de Bruno Gollnisch à la tête du FN, en décomplexant son électorat, réussit son premier examen d'après congrès. Marine Le Pen peut, en tout cas, partir en quête des 500 signatures nécessaires pour concourir en 2012.
Le deuxième : l'UMP, même si elle résiste un peu, sort très ébranlée de ce scrutin. À son mauvais score s'ajoutent des divisions qui ont valu, pour la première fois, une mise en cause de François Fillon par des parlementaires et des critiques, en coulisses, reprochant à Nicolas Sarkozy de faire perdre son camp.
La menace extrémiste a réveillé, au-delà de toute attente, la divergence entre le RPR et l'UDF d'autrefois. Dans sa persistance à draguer dans les eaux frontistes, Nicolas Sarkozy ouvre un vaste espace au centre. Sans candidature centriste ¯ on pense surtout au radical, social et laïque Jean-Louis Borloo ¯ la droite a du souci à se faire. Mais l'opération, surtout si elle s'accompagnait d'une candidature Villepin, voire Morin, risquerait surtout de faire trébucher Nicolas Sarkozy.
Qui oserait porter la responsabilité de l'élimination du président sortant et d'une crise majeure de l'UMP ? Dilemme.
Le troisième : les socialistes et les écologistes sortent rassurés. La gauche, majoritaire en voix, en sièges et en départements, obtient une majorité un peu en trompe-l'oeil. Mais, malgré au moins trois départements gagnés, on est loin du raz-de-marée espéré. Sa victoire tient autant à un rejet de l'UMP qu'à une adhésion à ses idées. Enfin, si la droite est divisée, la gauche peut être qualifiée d'éclectique.
Le candidat du PS sera donc confronté à un devoir de rassemblement. François Hollande, auteur d'une construction méthodique de sa candidature, sera jeudi, après sa réélection comme président de la Corrèze, en situation de se déclarer, en attendant la décision de Dominique Strauss-Kahn et de Martine Aubry.
Ces trois enseignements ont un point commun : les Français attendent toujours de vraies réponses à leurs inquiétudes, sociales principalement. Des mécontentements montent partout en Europe, où la crise n'est pas digérée. Changer la vie dans un contexte de forte contrainte budgétaire devient de plus en plus difficile, et la campagne pour la présidentielle va être compliquée.
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