mercredi 9 mars 2011
« Stress tests » : le prix de la crédibilité
Il n'y aura pas de troisième chance. Les tests de résistance auxquels vont être soumises les banques européennes d'ici à juin doivent vraiment mettre leur bilan sous pression. C'est impératif. Plus question comme en juillet dernier, d'une vaste opération de communication destinée à rassurer les investisseurs sur la solidité du système bancaire européen mais évitant soigneusement les écueils d'un stress trop marqué. Ce modèle inspiré de « stress tests » américains du printemps 2009 a fait long feu. Il a sombré corps et biens quelque part entre fin novembre et début décembre lorsque les banques irlandaises, dont aucune n'avait failli à l'examen de juillet, se sont définitivement effondrées, entraînant dans leur sillage le pays tout entier.
C'est dire si, dans cette affaire, l'Union européenne joue gros. Pour être crédible, la deuxième génération des tests de résistance européens devra en fait offrir tout le confort moderne. C'est-à-dire d'abord des scénarios intégrant des hypothèses macroéconomiques vraiment dégradées - cela semble être le cas -, ensuite une évaluation fiable du risque de liquidité, enfin la mise en place d'un mécanisme de renflouement immédiat pour les établissements jugés les plus fragiles.
Mais pour restaurer une fois pour toute la confiance, il faudra surtout que les concepteurs des tests cessent de tergiverser sur la délicate question de la valorisation des dettes souveraines de la zone euro. S'il semble évident que les tests ne prévoiront pas le défaut d'un Etat de l'Union - on ne provisionne pas la fin du monde, ont coutume de dire les régulateurs -, il faudra bien en revanche appliquer une décote aux dettes des pays en difficulté. Une décote réaliste. Il est en effet préférable de dire que la dette grecque vaut 70 % de sa valeur par exemple plutôt que de nier l'évidence et laisser les investisseurs dicter leur loi. D'autant que l'impact sur la solvabilité des banques restera limité dès lors que, seules celles qui font commerce de cette dette, et donc ne la gardent pas jusqu'à son échéance, seront immédiatement pénalisées par cette décote.
Mais cette décision dépasse largement le cadre des seuls régulateurs bancaires. C'est un sujet de gouvernance européenne. Avec les futures missions du Fonds européen de stabilité financière et les conditions de renégociation des dettes souveraines après 2013, c'est même aujourd'hui un des points clefs de la résolution de la crise de la zone euro. Il reviendra au sommet européen de vendredi de le trancher.
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