TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 1 mars 2011

A rire et à pleurer

Une chose qu’elle ne savait pas faire : tricher. On trouve rarement, chez une actrice, pareille incapacité à la dissimulation. Son franc-parler, à la scène comme à la ville, balayait les hypocrisies. Comment peut-on ne pas être snob à ce point-là ? Dans les milieux prétendument sophistiqués du 7 e Art, son trop-plein de naturel lui valut le mépris des cuistres. Et l’admiration du public, qui la sacra très vite “vedette populaire”.

On l’a vue chez Visconti, au début, dans “Rocco et ses frères”. Puis du côté de Michel Audiard, “Elle boit pas, elle drague, elle fume pas… mais elle cause”. Par le drame ou la gaudriole, de chefs-d’œuvre en aimables “nanars”, partout, ce petit bout de femme imposait sa lumineuse présence. Une boule d’énergie qui roule, l’émotion à fleur de peau et débordante d’humanité…

Aux fastes de la Comédie française, dont elle fut un temps pensionnaire, l’intuitive comédienne préfère bientôt la vérité des rues. Ça se passait au cinoche du dimanche après-midi, dans les années 60 -70… Elle fut l’amante, la mère, le docteur Françoise Gailland, Gabrielle Russier, la sœur complice et la bonne copine. Dans ses grands yeux dorés, alors, défilaient tous les sentiments du monde. Elle a donné à rire, à rire et à pleurer, avant une longue traversée du désert. La Nouvelle Vague, tyrannie des modes, tenait son talent pour quantité négligeable. Quel gâchis !

Son joli minois de jadis a pris les rides du chagrin. Le César qu’elle reçoit en 1996, pour une fameuse “mère Thénardier”, la remet dans la lumière. Gouaille vaincue, la voix brisée par les sanglots : “Votre témoignage et votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte.”

Bouleversante jusqu’au bout, passion et tourments mêlés, elle reste authentique héroïne. Maladie d’Alzheimer ou pas, la France gardera longtemps la mémoire d’Annie Girardot.

0 commentaires: