TOUT EST DIT

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mardi 1 mars 2011

Les mises en garde de Bernard Accoyer

Dans une interview aux « Echos », le président UMP de l'Assemblée nationale critique le débat sur l'islam et prône une réforme de la fiscalité du patrimoine a minima.

Non, c'est une réponse cohérente et coordonnée. Il était nécessaire de renforcer la voix de la France dans le monde. Personne n'avait vu venir les révoltes dans les pays arabes, mais, depuis leur déclenchement, il apparaissait indispensable de permettre à la France d'être plus présente et mieux entendue. Avec Alain Juppé, l'arrivée d'un homme d'Etat au Quai d'Orsay, avec une très bonne connaissance de la diplomatie, répond à ce besoin, car la voix de notre pays devenait inaudible du fait des polémiques.

Le contexte politique est très difficile pour la majorité. Etes-vous inquiet pour les cantonales et, au delà, pour 2012 ?

Les élections intermédiaires sont toujours difficiles pour la majorité en place, mais je pense que nous pourrions avoir quelques bonnes surprises. Pour l'élection présidentielle, jamais les choses ne se sont passées comme on le pensait un an auparavant. Le meilleur moyen de préparer l'échéance, c'est de continuer à agir. Le contexte international est extrêmement grave sur le plan économique et compliqué sur le plan diplomatique. Qui, dans cet environnement, peut encore critiquer des réformes comme celle des retraites, l'action déterminée pour défendre notre industrie et les investissements massifs décidés pour l'université et la recherche ?

Quelle doit être, selon vous, la priorité des quatorze prochains mois ?

Le président de la République a fixé les priorités. La réforme de la dépendance des personnes âgées pour répondre à une exigence de solidarité. La réforme fiscale pour répondre à une exigence de justice. Les jurys populaires pour répondre à une attente de sécurité. Surtout, nous devons continuer à dire la vérité aux Français et à ne pas les bercer d'illusions comme le fait le PS, qui s'est opposé à toutes les réformes pourtant reconnues comme indispensables.

Le débat annoncé sur la laïcité et sur la place de l'islam vous semble-t-il opportun ?

J'aurais préféré une réflexion plus longue et plus profonde avant son lancement. Car il s'agit d'éviter la stigmatisation de la religion de plusieurs millions de nos compatriotes. Un tel débat doit être centré sur la laïcité, le respect des droits et devoirs de tous les citoyens, y compris dans la pratique de leur culte, et sur la réflexion autour du thème de l'appartenance à la République et à la communauté nationale.

Faut-il aménager la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat pour faciliter le financement des mosquées ?

Non, ce texte est l'un des piliers de notre République laïque, il a permis, depuis un siècle, de surmonter bien des déchirements. Il n'en faut pas moins trouver des solutions aux besoins de financement des lieux de culte. Les lois de la République n'ont pas à être changées. Mais des marges de manoeuvre existent au niveau local : elles doivent être privilégiées.

Quels doivent être selon vous les contours de la réforme de la fiscalité du patrimoine souhaitée par le chef de l'Etat ?

La France a besoin d'une vaste réflexion sur ses prélèvements obligatoires. Mais, dans l'immédiat, la réforme qui sera soumise au Parlement d'ici à cet été doit être une réforme juste. Elle ne doit en aucun cas aggraver les déficits. La suppression du bouclier fiscal ne permet de dégager qu'une marge de manoeuvre relativement étroite, de l'ordre de 700 millions d'euros. La réforme doit, selon moi, porter sur le seuil d'entrée dans l'impôt sur la fortune, sur l'abattement forfaitaire sur la résidence principale, sur le barème ou sur le plafonnement. Les parlementaires sont au travail ; je leur fais confiance.

La candidature de Dominique Strauss-Kahn se précise. Est-il le candidat le plus dangereux pour Nicolas Sarkozy ?

L'hypothèse d'une candidature de Dominique Strauss-Kahn aux primaires socialistes me paraît soulever plusieurs questions. La première est que le monde traverse une bourrasque financière et économique comme il n'en a pas connu depuis la crise de 1929. Loin d'être finie, elle se prolonge en une crise sociale et, si l'on n'agit pas, pourrait déboucher sur des turbulences politiques majeures. Le directeur général du FMI a été nommé sur proposition de la France avec le soutien de tous les pays de l'Union européenne, des Etats-Unis et des pays émergents. Doit-il abandonner son poste dans la tourmente alors que certains pays émergents et les Etats-Unis ont prévenu qu'il serait sans doute le dernier Européen à diriger le FMI ? Que deviendrait l'exigence française, partagée par l'Europe, d'une régulation financière internationale renforcée, dont beaucoup de pays commencent déjà à s'éloigner ? Dominique Strauss-Kahn est-il plus utile à la tête du FMI ou dans les primaires socialistes ? Il y a là un choix majeur pour lui, d'autant que ses idées et son discours au FMI sont diamétralement opposés aux propositions du PS.

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