L'événement a bien sûr été occulté par la catastrophe au Japon. Mais les Européens ont réussi le week-end dernier à s'entendre sur les mécanismes de solidarité financière avec les Etats en difficulté et les règles de gouvernance économique. C'était dans une certaine mesure inattendu puisque ces résultats n'étaient espérés qu'à l'occasion du sommet des 24 et 25 mars. Hier, la réaction des places financières, qui ont fait grimper les valeurs bancaires et reculer les taux d'intérêt de la Grèce ou du Portugal, montre qu'ils ont été agréablement surpris. C'est un fait : les Dix-Sept apprennent enfin à parler à l'oreille des marchés...
La surprise n'est pas le seul élément à saluer. Quatre autres décisions vont dans le bon sens. Un : Nicolas Sarkozy -qui a opté depuis des mois pour une surprenante de sa part mais efficace diplomatie de la discrétion -a réussi à convaincre Angela Merkel de relever à 440 milliards d'euros les moyens du Fonds européen de stabilité financière, ainsi que ceux du mécanisme qui lui succédera à partir de 2013, à 500 milliards d'euros. Deux : le Fonds pourra racheter directement de la dette sur le marché primaire des obligations, alors qu'il ne peut aujourd'hui que prêter aux Etats. C'était le point le plus difficile aux yeux de Berlin. Trois : les efforts de la Grèce ont été récompensés par une baisse de son taux d'emprunt, tandis que l'Irlande, qui refuse de revoir son impôt sur les sociétés, n'y a pas eu droit. Enfin, quatre : le Pacte pour l'euro fixe quant à lui quelques principes de compétitivité.
Au total s'est mis en place un véritable fédéralisme de crise inimaginable il y a un an. L'Allemagne, dont une partie de l'opinion était prête à sortir de l'euro au moment de la crise grecque -un débat qui a touché y compris l'entourage de la chancelière, affirme-t-on à Paris -, a réalisé que ce n'était pas possible. Et a confirmé son attachement à la monnaie unique, à une condition : qu'elle puisse surveiller la politique économique de ses voisins. Est-ce le début d'une politique économique fédérale ? A vrai dire, on en est encore loin. Le Pacte pour l'euro consiste pour l'essentiel à mettre en place des indicateurs et des objectifs bien allégés par rapport au projet initial de Berlin. Mais c'est un caillou de plus sur le chemin fédéral. Gérer les crises, c'est bien, les empêcher, c'est mieux.
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