TOUT EST DIT

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mardi 15 mars 2011

2012, Obama et l'introuvable candidat républicain

Si, en France le théâtre politique bat son plein avec la multiplicité des candidatures, à droite comme à gauche, les Etats-Unis, au contraire, sont dans un scénario inverse. Et on cherche, en vain pour l'instant, celui ou celle qui voudra bien se mesurer l'an prochain à Barack Obama. Dans neuf mois vont commencer les primaires de l'Iowa, première étape d'un parcours qui mènera à la présidentielle du 6 novembre 2012. A pareille époque, en 2007, pas moins de dix candidats démocrates et huit républicains s'étaient déjà déclarés. Cette année... aucun n'a encore franchi le pas.

Le président Obama devrait faire connaître son intention de solliciter sa réélection dans le courant du mois de mars et a déjà déménagé son bureau politique de Washington DC à Chicago. Mais, côté républicain c'est la débandade. Alors que le Grand Old Party (GOP) a remporté une victoire importante lors des élections parlementaires de novembre dernier - regagnant la majorité à la Chambre des représentants et prenant 11 sièges de gouverneur aux démocrates -, sa stratégie pour l'élection présidentielle est tout sauf au point. Chaque jour apporte son lot de désistements. Il y a bien quelques francs-tireurs qui seraient prêts à saisir la tribune qu'offre la campagne des primaires pour faire avancer leurs idées, comme Ron Paul, l'élu libertarien du Texas à la Chambre des représentants, ou l'homme d'affaires Donald Trump, mais sans réel espoir de victoire.

Les candidats sérieux ne sont pas du tout pressés d'entrer dans la bataille. Certains ont déjà une notoriété suffisante dans le pays pour ne pas aller prendre des coups plus tôt qu'il n'est nécessaire. Cela leur permet aussi de ménager leurs ressources, même si le financement de la campagne de 2012 promet d'être beaucoup plus facile. Depuis un arrêt de la Cour suprême de 2010 (« Citizens United »), les entreprises ont désormais le droit de participer au financement des campagnes audiovisuelles des candidats de leur choix.

Du coup, Mitt Romney, déjà candidat en 2008 et ex-gouverneur du Massachusetts, multiplie les apparitions publiques mais ne se jette pas à l'eau. Considéré aujourd'hui comme le candidat potentiel le plus sérieux du GOP, le richissime homme d'affaires partage avec Jon Huntsman, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine, le handicap d'être mormon. Un ex-gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, serait quant à lui le représentant d'une droite socialement conservatrice. Il fait en ce moment le tour du pays pour promouvoir son dernier livre, « Courage to Stand ».

Fox News, la chaîne d'information de Rupert Murdoch, abrite en son sein toute une écurie de candidats potentiels. Elle vient de suspendre d'antenne (et de paie) Rick Santorum un ancien sénateur de Pennsylvanie, ainsi que Newt Gingrich, dans l'attente de leur décision de se présenter ou non. Ancien speaker de la Chambre des réprésentants, Newt Gingrich promet, s'il y va, d'être un « show man » formidable. Il a beaucoup oeuvré ces derniers mois pour rapprocher le Parti républicain du Tea Party. L'égérie de ce mouvement, Sarah Palin, fait quant à elle toujours mine d'hésiter. L'establishment du Parti républicain est contre l'ancienne candidate à la vice-présidence de John McCain parce qu'il voit dans sa candidature une défaite assurée face à Barack Obama. Mais beaucoup sont prêts à parier qu'elle ira quand même, histoire d'entretenir une notoriété qui l'a fait devenir millionnaire depuis la dernière campagne. D'ailleurs, à l'instar de Mike Huckabee, candidat malheureux aux primaires républicaines de 2008, elle préfère pour l'instant continuer à profiter de sa tribune sur Fox News et des émoluments de la chaîne.

Sur le terrain, les militants républicains s'impatientent. « Il se passe quelque chose de curieux, les électeurs républicains sont davantage à la recherche de candidats que les candidats d'électeurs », observait récemment le « New York Times ».

En dépit des résultats des élections de novembre dernier, le Parti républicain est très hésitant. Malgré l'épreuve du pouvoir, les difficultés économiques, l'amertume de son aile gauche et un dernier scrutin défavorable à son parti, Barack Obama sera très difficile à battre. Aujourd'hui, les sondages le donnent systématiquement gagnant, quel que soit son adversaire.

Son rétablissement lors de la session parlementaire qui a suivi les élections de novembre montre qu'il a su recentrer son discours. Le fait d'avoir reconduit les réductions d'impôt pour deux ans encore a amélioré son image chez les républicains et les indépendants - qui seront la clef de sa réélection. Selon un sondage publié la semaine dernière par l'agence Bloomberg, les Américains estiment à 51 % que Barack Obama n'a pas la bonne formule pour créer de la croissance à long terme. Mais quand on leur demande qui a la meilleure vision pour les années à venir, ils répondent à 45 % en faveur de l'actuel président contre 33 % pour les républicains.

Les nouveaux élus du GOP, qui sont partis en guerre contre les syndicats et veulent réduire les dépenses au niveau local comme au niveau fédéral, cherchent à profiter de la mobilisation du Tea Party. Mais ils risquent aussi, en supprimant emplois publics et aides gouvernementales variées, de s'aliéner l'Amérique qui souffre encore de la crise. Un récent reportage de « 60 Minutes », sur CBS, plongeant dans le quotidien du million d'enfants vivant dans des motels ou dans les voitures de leurs parents parce que leurs maisons ont été perdues, a saisi l'Amérique aux tripes. Toute une partie du pays est encore en souffrance, même si le chômage est redescendu à 8,9 %. C'est une réalité dont les prochains candidats ne pourront pas faire abstraction, pas plus que du profond rejet encore éprouvé pour Wall Street. Ce qui conduit d'ores et déjà David Plouffe, le conseiller politique de Barack Obama, à cibler la ménagère de l'Ohio, l'un des Etats que le prochain président devra absolument gagner s'il veut l'emporter, comme l'arbitre de la prochaine élection.

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