On ne répond pas simplement et rapidement à une question complexe. A l'heure où le Japon compte ses morts, où la priorité est de s'occuper des survivants, de venir au secours d'un pays traumatisé, de protéger des millions de Japonais des retombées de l'explosion de Fukushima, certains exigent que les dirigeants politiques internationaux décrètent immédiatement la sortie du nucléaire. En espérant que l'effroyable scénario du pire ne vienne pas abolir toute possibilité de leur opposer quelques arguments de raison, il serait responsable de ne pas céder à la tentation de la précipitation. La question du devenir de l'énergie nucléaire ne s'est certes jamais posée autant qu'aujourd'hui. Mais la réponse, elle, doit attendre un peu.
La filière est forcée de l'admettre : qu'un acteur majeur de l'atome comme le Japon, un pays à la fois connu pour son culte de la perfection et du détail mais qui fut aussi la seule nation à subir la foudre atomique, soit victime d'un accident aussi grave met à mal les arguments rassurants des industriels. Le Japon d'aujourd'hui n'est pas l'Union soviétique au bord de l'effondrement technico-économique de l'époque de Tchernobyl. Cet accident prouve malheureusement que même dans un pays riche et en pointe, un incident provoqué par une catastrophe naturelle peut avoir des répercussions dramatiques. Même s'ils ne sont pas directement responsables, Areva ou General Electric, comme Toshiba ou Mitsubishi, devront reconnaître l'erreur collective qui a été commise et en tirer les conclusions. Le risque zéro n'existe pas mais dans cette industrie où les conséquences d'un incident peuvent être dramatiques, les responsables doivent prévoir le pire et tout faire pour l'empêcher.
Avant de condamner globalement et définitivement l'atome, il faut cependant être certain d'avoir compris les causes de cet accident. Aurait-il pu être évité ? Est-il susceptible de se reproduire ailleurs ? Peut-on surmonter tous les risques, qu'ils soient naturels ou humains ? Si les centrales peuvent résister aux tremblements de terre mais pas aux tsunamis, ne faut-il condamner que les réacteurs en bord de mer ?
Pour agir, il va falloir prendre le temps de disposer de tous les éléments. Sans oublier que l'équation nucléaire à laquelle nous sommes confrontés est complexe. Pris en tenailles entre des sources d'énergies en grande partie limitées et une nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, notre planète, qui n'a jamais eu besoin d'autant d'électricité, sait bien que la vie n'a pas de prix. Mais une vie ne peut aussi s'imaginer sans énergie.
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