TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 6 février 2011

Vers un éclatement des Frères Musulmans ?

Pour la première fois dans l’histoire des Frères musulmans, le candidat égyptien à la fonction de guide, Ibrahim Mounir, a des concurrents sérieux en dehors de l’Egypte, notamment le Palestinien Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, et Ali Sadreddine el-Baynouni, guide des Frères musulmans syriens.
Les Frères musulmans est, la plus grande organisation panislamiste fondée en 1928 en Égypte avec comme objectif une renaissance islamique, la lutte contre l’influence occidentale et l’instauration de la charia.

La crise actuelle que connaît cette organisation pourrait conduire à un éclatement de la confrérie, qui a déjà perdu beaucoup de son influence en Europe et aux Etat-Unis après les attentats du 11-Septembre. Notamment par l’assèchement de ses sources de financement.
L’organisation de la confrérie est régie par des principes édictés en 1948 par le bureau du guide, selon lesquels ses différentes branches dans le monde dépendent de l’Egypte. La première entorse à cette règle est venue de Khartoum, lorsque Hassan Tourbai a donné aux Frères soudanais leur autonomie, en 1980. La volonté des Egyptiens de garder le leadership de l’organisation suscite une opposition croissante en Algérie (MSP), en Palestine (Hamas) et en Tunisie (En-Nahda) (1).
L’organisation des Frères musulmans est une référence pour les mouvements islamistes du monde arabe. Son opposition fondamentale et parfois violente aux régimes arabes laïcs a amené son interdiction ou la limitation de ses activités dans certains pays comme la Syrie ou encore l’Égypte et la Tunisie. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement depuis sa fondation, et le théoricien du djihad armé, Sayyid Qutb, fut l’un de ses membres égyptiens les plus en vue.
En 1948, le 28 décembre, l’organisation assassine le Premier ministre égyptien de l’époque, Mahmud Fahmi Nokrashi. En représailles, son fondateur Hassan el Banna est assassiné par les agents du gouvernement le 12 février 1949 (2).
Dès 1935, les Frères musulmans entretiennent des contacts avec Hadj Amine Al Husseini, le Mufti de Jérusalem (qui collaborait avec les nazis) et participent même aux violences palestiniennes de 1936. En 1945, une branche palestinienne du mouvement est créée à Jérusalem, par Saïd Ramadan. Le mouvement connaît un succès rapide et de nombreux de ses membres participeront à la guerre de 1948.
À partir du milieu des années 1960, les Frères musulmans sont redevenus actifs en Israël. Dans les territoires disputés, la branche palestinienne engendre l’Al-Mujamma’ al-islami, qui deviendra en 1987 le Hamas. Sa charte comporte la destruction de l’État d’Israël comme objectif central. Elle recourt aux actions armées et aux attentats, y compris aux attentats suicides. L’organisation se consacre aussi aux œuvres sociales et à la construction de mosquées, dont le nombre a augmenté sans cesse en Judée Samarie et dans la bande de Gaza entre 1967 et 1987. Ses sources de financement proviennent des donateurs privés.
La confrérie a donc des ramifications dans la plupart des pays à majorité musulmane, ainsi que dans de nombreux ayant une minorité musulmane. Le Conseil de Choura de l’organisation, qui comprend 35 membres de divers pays, élira dans quelques semaines le nouveau guide dans un contexte de dissensions entre un courant pro-iranien, représenté par les Frères musulmans égyptiens et le Hamas, et un courant indépendant, sous la houlette d’Ali Sadreddine el-Baynouni. Ce dernier bénéficie de soutiens dans les pays du Conseil de coopération du Golfe, hostiles à l’Iran et à “l’expansionnisme” chiite.
La confrérie est aujourd’hui en plein éclatement et laisse le champ ouvert à toutes les évolutions. Ce qui est nouveau cette fois est que l’idéologie Frères Musulmans s’était rapprochée de l’Iran et du Hezbollah ces dernières années. Après la guerre du Liban en 2006 et la guerre de Gaza 2009, la branche internationale des Frères est devenue manipulée par l’Iran. Les ayatollahs qui avaient établie des liens très solide parmi les populations arabes ont réussis à développer leurs influences au sein de cette confrérie. C’est la première fois qu’en dehors de l’Egypte, un candidat palestinien s’impose au nom de Khaled Mechaal, qui n’est autre que le chef du bureau politique du Hamas.
La mouvance pro-iranienne au sein des Frères Musulmans est attachée à aliéner tous les autres groupes politiques et religieux au sein de la confrérie. Face à elle un courant indépendant anti-iranien est apparu. Ce courant qui est représenté par Ali Sadreddine Bayanouni, guide des Frères musulmans syriens, veut garder une certaine distance par à rapport à Téhéran, notamment suite aux violences insurrectionnelles dirigées par les chiites contre certains pays arabes sunnites.
Il faut mentionner ici qu’Ali Sadreddine Bayanouni, le secrétaire général de la branche syrienne de la confrérie islamiste, figure comme la bête noire du régime syrien. En Syrie, l’article 49 du Code pénal punit théoriquement de la peine de mort le simple fait d’appartenir aux Frères musulmans. Les «Frères» se sont exilés après la sanglante répression de 1982.
Alliance avec l’Iran oblige, Damas soutiens aujourd’hui le candidat palestinien Khaled Mechaal à la tête de cette confrérie internationale (pourtant interdite en Syrie) du fait de sa relation privilégiée avec Téhéran. La soumission du régime syrien à Téhéran a fait de lui qu’il soit un protecteur des intérêts iraniens au point de s’opposer à la candidature de son propre citoyen Ali Sadreddine Bayanouni et d’encourager l’ascension d’un candidat palestinien au sein de confrérie, pour le simple faite qu’il est sponsorisé par les mollahs.
Reste que le Conseil de Coopération du Golfe (à l’exception du Qatar) s’oppose à la candidature du chef du bureau politique du Hamas à la tête de la grande organisation panislamiste. L’Arabie Saoudite, le Koweït, le Bahreïn, les Emirats arabes et le Bahreïn qui sont hostiles à l’Iran et à “l’expansionnisme” chiite encourage le candidat anti-iranien sous la houlette d’Ali Sadreddine el-Baynouni.
Ces pays craignent de voire une emprise iranienne sur le mouvement la branche des Frères musulmans qui a des ramifications dans tous les pays arabes. La région du Golf est déjà terrorisée par les rebelles de Abdelmalek Al-Houthi, au nord du Yémen, soutenus par l’Iran et le Hezbollah libanais. L’Iran cherche aujourd’hui à manipulée cette confrérie pour déstabiliser les monarchies sunnites du Golfe.
L’Iran profite du fait que Hassan Nasrallah est devenue une vedette incontestée et le cheikh Yacine, le fondateur du Hamas, fait également partie de ces héros incontestés dans le monde arabe, pour avoir la mainmise quasi-absolue sur la branche internationale des Frères musulmans.
Le Conseil de Choura de l’organisation, qui comprend 35 membres de divers pays, élira donc son nouveau guide dans un contexte de dissensions entre un courant pro-iranien et anti-iranien. Ce qui se passe en ce moment dans cette organisation panislamiste est un reflet de la «  guerre froide » qui divise en ce moment les pays arabes entre les pro-iraniens et les ant-iraniens. C’est ce conflit qui en fin de compte qui est prédominant. Le régime iranien qui ne cesse pas de s´ingérer dans les affaires des pays environnants, cherche à diviser pour mieux régner et mieux faire passer l’expansionnisme de la Révolution iranienne.
Cette stratégie semble aujourd’hui réussir puisque les iraniens ont déjà deux candidats pro-iraniens à la fonction de guide de l’organisation des Frères musulmans à savoir le candidat du Hamas le Palestinien Khaled Mechaal et le candidat anti-Moubarak, l’égyptien Ibrahim Mounir. Quant au candidat indépendant, Ali Sadreddine el-Baynouni, soutenu par les pays du Golf a très peu de chance d’être élue par le Conseil de Choura.
Le régime des Mollahs avance doucement, mais sûrement dans le processus de la déstabilisation des monarchies sunnites du Golfe grâce à son appui aux minorités chiites en Arabie, au Koweït et au Yémen, sans oublier ses visées sur le Bahreïn (où les chiites sont majoritaires au sein de la population), mais aussi grâce à son emprise sur les organisations militaires (Hamas, Hezbollah..) et idéologiques comme la branche internationale des Frères musulmans.
Rappelons enfin que cette organisation (bientôt dans les mains des iraniens) possède une présence particulièrement forte en Europe du nord, surtout en Grande Bretagne. Parce que – autant que je puisse dire- ce n’est qu’en Grande Bretagne qu’elle est parvenue à forger une alliance avec certaines fractions de la Gauche comme le ” Socialist Workers Party ” et Ken Livingstone [Ancien Maire de Londres gauchiste]. La présence de la nébuleuse islamique peut aussi expliquer en partie pourquoi on entend des propositions prononcées en Grande Bretagne, qui nous laissent en Allemagne, pensant à ce qui s’est passé en 1933, tout simplement sidérés. Je pense ici à des propositions de boycott d’Israël et les tentations répétés de poursuivre des dirigeants israéliens sur le sol anglais.

(1) L’objectif des Frères Musulmans est la consolidation de la présence islamique dans les pays musulmans. Ainsi, ils s’affrontent souvent violemment avec les gouvernements des pays laïcs où ils opèrent, comme l’Egypte, la Libye, la Syrie, la Tunisie. En Syrie, en février 1982, Hafez el-Assad élimine le bras armé des Frères Musulmans, l’al-Talia al-Mukatila (Avant-garde Combattante), dont les survivants se dispersent en Jordanie, au Koweït, en Arabie Saoudite, et en Afghanistan
(2) Rendu responsable de l’assassinat du premier ministre égyptien en 1948, el-Banna est assassiné, probablement par des agents du gouvernement. L’organisation est déclarée hors-la-loi en 1957 par Nasser, qui craignait un attentat contre sa personne. Près de 20 000 Frères sont alors incarcérés et Yasser Arafat, membre de l’organisation, se réfugie au Koweït.

0 commentaires: