TOUT EST DIT

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dimanche 6 février 2011

Aiguiller l’avenir ?

Le commentaire sans doute le plus pertinent sur les événements en Égypte, valable aussi pour la « révolution » tunisienne et les manifestations observées dans d’autres pays arabes, a été livré, l’un de ces derniers matins, par un journaliste égyptien interrogé sur France Info : « L’avenir n’est pas écrit. »

La formule exprime à la fois l’humilité devant un mouvement populaire, qui a surpris à peu près tout le monde, et sonne comme une invitation aux oracles à rester prudents dans la prédiction des temps futurs.

Pourtant, chacun voit midi à sa porte et trouve dans les troubles au pays des Pyramides la chance de voir ses propres desseins s’animer. Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a ainsi appelé à édifier près du Nil un régime islamique. À l’inverse, les États-Unis craignent cette « tempête » et souhaitent plutôt une démocratisation ordonnée de la région, processus que leur secrétaire d’État, Hillary Clinton, appelle « transition délibérée, concertée et transparente ». Ce vœu sonne bien, encore qu’il puisse fournir des arguments à ceux qui, là-bas, agitent le spectre de l’ingérence occidentale.

Après avoir manqué le démarrage du train des possibles changements orientaux (dont nul ne sait toutefois s’ils seront révolutionnaires, réformateurs, seulement personnels, voire illusoires), il est louable de vouloir aiguiller la rame dans la bonne direction. Ce zèle, à l’égard de l’Égypte comme de la Tunisie, n’en apparaît pas moins dopé à la volte-face, si l’on a en mémoire les égards que nos capitales manifestaient naguère aux excellences déchues ou à déchoir.

Il serait honnête, et « transparent », que nos gouvernements publient dès maintenant la liste de ces partenaires, aujourd’hui acheteurs d’Airbus, de centrales nucléaires ou de chaînes pour nos automobiles, mais dont on exigera peut-être demain le départ « immédiat ». On pourrait, enfin, attendre des dirigeants qui snobent les cortèges revendicatifs, chez nous, qu’ils ne conseillent pas à leurs confrères contestés d’« écouter la rue ». Mais ne dit-on pas que même dans les épreuves, il y a matière à rire ?

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