dimanche 13 février 2011
Les Athéniens sont atteints
Les bouleversements en Tunisie et en Égypte, les troubles en Algérie, la jubilation des islamistes en Iran et dans la bande de Gaza devant des évolutions qu’ils saluent comme des «défaites des États-Unis», ont mis entre parenthèses la gestion des secousses que l’Europe a subies l’année dernière. Fort heureusement, elles n’étaient pas armées, mais financières. Ces crises n’ont néanmoins pas de solutions à court terme, et le risque d’un «effet domino» parmi les économies européennes les plus endettées n’est pas entièrement écarté. Les mesures de rigueur, pour prévenir la contagion et rééquilibrer les finances publiques, ont également, comme au Proche-Orient, jeté des foules en colère dans les rues et sur les places, en particulier en Grèce et en Espagne.
Cette colère reste sujette à de nouvelles flambées, là où le lien de confiance entre le citoyen et les décideurs politiques et/ou économiques est entamé. Vendredi, la Commission européenne, la non moins européenne Banque centrale et le Fonds monétaire international ont joué aux trois ténors pour signifier, uni sono, aux autorités grecques qu’elles devaient «accélérer» un programme de privatisation «massive» pour se désendetter. Au menu, José Barroso, président de la Commission, Jean-Claude Trichet, patron de la BCE, et Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, ont inscrit notamment la cession de larges pans du patrimoine immobilier de l’État.
Idée vraie de hauts dirigeants, provocation d’un subalterne radical parce qu’anonyme, ou intoxication pratiquée par un patriote, visant à stimuler une réaction populaire de rejet ? Toujours est-il que la rumeur d'une privatisation des monuments antiques, qui ajoutent au charme de la Grèce depuis plus de deux millénaires, a été mise en circulation. C’est la goutte qui a fait déborder l’amphore. Piqué au vif, mais aussi pressé par l’opinion et l’opposition, le gouvernement d’Athènes a fait savoir qu’il «ne reçoit d’ordres que du peuple grec» et que «nous avons notre dignité, qui n’est négociable avec personne». Des voix ont demandé le gel de la coopération avec le FMI et la BCE, qui ont pourtant promis 110 milliards d’euros. C’est que, à Athènes comme au Caire ou à Tunis, l’on ne veut pas seulement être aidé, mais aussi considéré.
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