TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 13 février 2011

Libres... avec l'armée !

Explosion de joie, embrassades, chants, cris « bye-bye Moubarak »... Enfin, l'espoir ! La liesse populaire était hier à la mesure de l'énorme frustration de la veille quand l'histoire avait bégayé. Cette fois, elle vient de basculer et l'on peut comprendre que la rue savoure l'instant de sa première victoire, s'abandonne à la liberté reconquise, avant de penser à la suite. Comme au temps du Mur de Berlin, on vibre avec la foule arabe du Caire. Après 30 ans de Moubarak et de dictature corrompue, l'Égypte tourne la page. Avec une fierté retrouvée.

Cette révolution est bouleversante parce que, s'il y a eu des morts pendant ces semaines de bras de fer, la pression de la rue et la menace de grèves majeures n'ont pas conduit au bain de sang que l'on pouvait redouter. Bien sûr, la partie n'est pas finie. L'Égypte s'ouvre le chemin vers la démocratie, mais elle n'en est qu'au début. Le jeu s'annonce complexe entre les partis traditionnels, les Frères musulmans, la société civile, sorte de coalition internet et les militaires.

Car c'est l'armée qui détient toujours les clés de la future Égypte. De toute évidence, les divergences au sein de la haute hiérarchie ont grippé la transition concoctée par Moubarak et conduit à la création d'un conseil supérieur des forces armées. Le nouveau pouvoir n'est pas clairement établi et, malgré la légitimité dont jouit l'armée dans ce pays, rien ne garantit encore que le chemin le plus court vers la démocratie passe par elle.

La contagion de la liberté continue donc de gagner le monde arabe que l'on croyait ligoté, comme momies, dans les bandelettes de la dictature. Hier, Tunis a applaudi Le Caire. Barak Obama avait pris un risque en exigeant une mise aux normes démocratiques. On imagine son soulagement, mêlé d'inquiétudes pour l'avenir imprévisible. Mais comment hésiter quand un peuple crie son ras-le-bol ? Aujourd'hui les yeux se tournent vers l'Algérie où perce également une aspiration à la liberté sur fond d'exaspération sociale. On ne sait pas si l'air frais de Tunis et du Caire y soufflera aussi vite qu'à côté. Quand le vent de l'histoire souffle, il ne s'arrête pas toujours aux frontières.

0 commentaires: