
dimanche 13 février 2011
Les femmes disent “Basta!” à Berlusconi
Le 13 février, les femmes vont manifester pour réclamer le respect de leur dignité, davantage de parité et pour dénoncer la dégradation de leur image, mise en avant par les récents scandales sexuels autour de Silvio Berlusconi, explique l’écrivaine Dacia Maraini.
Le 13 février prochain, les femmes descendront dans la rue pour protester. Dans toute l’Italie. Cette nouvelle se répand sur le web comme une traînée de poudre, alors que les journaux l’évoquent à peine. Internet apparaît désormais comme l’outil de diffusion de l’information le plus libre et le plus rapide. C’est la Toile, en effet, qui a permis à des milliers de personnes de se retrouver dans la rue pour protester contre le despotisme arrogant du gouvernement égyptien.
Dans la mentalité des jeunes générations, la mise en valeur des personnes et la méritocratie ont été remplacées par une idée mercantile des relations humaines. On suggère aux jeunes hommes de développer leurs capacités intellectuelles pour se vendre ensuite sur les marchés mondialisés. Aux jeunes femmes, on conseille de vendre, vite et à un bon prix – car, contrairement aux compétences, le corps sexué s’use avec le temps – la seule chose qui aura toujours plus de valeur sur le marché : un corps prêt à consommer. N’est-ce pas une incitation subtile, obsessionnelle et monstrueuse à la prostitution féminine ?
Que les choses soient claires, cette situation existait déjà du temps de Tolstoï. Le grand écrivain russe eut le courage d’écrire, à la fois dans ses romans et ses essais, que le mariage n’est qu’un marché aux bestiaux, où les corps des jeunes filles sont mis en vente au plus offrant. Qui a eu pour conséquences le sacrifice de plusieurs générations de talents et de capacités extraordinaires, et la mutilation d’esprits et de cœurs qualifiés. Personne ne se souciait de ces sacrifices. Mais, à cette époque, la famille se mettait en quatre pour répondre aux besoins des jeunes, à leurs aspirations à la liberté. Aujourd’hui, c’est la culture de marché qui remplit ce rôle, celle qui passe surtout par les séductions factices de la télévision, de la mode et d’une large partie du cinéma.
Ce n’est pas un hasard si les mentalités mercantiles vont de pair avec le choix peu démocratique d’un chef charismatique. Wilhelm Reich, dans son essai sur la psychologie de masse, montre très bien l’entrelacement de peurs, d’illusions, de haines et de frustrations qui est à l’origine de toutes les tentatives d’imposer un régime autoritariste. Les femmes sont les premières à se faire enrôler. Leur besoin historique d’avoir un chef – intériorisé à force de recevoir des coups réels et symboliques – les transforme en proies dociles. C’est bien sur ce point que s’appuient les patrons et les manipulateurs sans scrupules du marché mondial.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire