TOUT EST DIT

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dimanche 16 janvier 2011

L’Europe doit assumer son histoire


Support pédagogique édité depuis sept ans par la Commission européenne, l’agenda Europa 2010-2011 omet les fêtes chrétiennes.
Les derniers jours ont été marqués sur la scène européenne par un couac qui aurait pu être anodin s’il n’était révélateur. L’initiative a été prise de diffuser un agenda européen aux élèves de 21.000 établissements secondaires en Europe. A première vue, on ne peut que saluer cette idée, qui traduit une volonté de promouvoir et d’expliquer l’Europe. Le pro-européen que je suis ne peut qu’y être favorable.


Mais c’est aussi en tant que pro-européen que j’ai été choqué par le contenu de cet agenda. Le parti a été pris de mentionner les principales fêtes religieuses. Rien n’y obligeait, mais ce choix peut se justifier. On trouve ainsi mentionnés le "nouvel an chinois", le "début du Ramadan" ou encore "Deepavali, la fête des Lumières, largement célébrée par les jaïns, les sikhs et les hindous". On ne peut que saluer cet effort louable d’exhaustivité. Sauf que, de façon très surprenante, la page du 25 décembre se borne à évoquer le "premier sapin de Noël public", Pâques n’existe pas et la Toussaint est juste une page blanche. Autrement dit, on a pensé à toutes les religions, sauf à la religion chrétienne!


Je refuse de considérer que cela serait anecdotique. Soyons clairs: il ne faut pas y voir une volonté délibérée de la Commission européenne. Ce procès d’intention n’a pas lieu d’être. José Manuel Barroso fait sans doute partie des présidents de la Commission les plus attentifs au respect des religions. Le fond du problème est bien plus préoccupant. Cet oubli traduit une menace insidieuse, celle d’une Europe qui n’assume pas son identité, d’une Europe qui, à force de vouloir paraître ouverte et respectueuse de tous, finit par oublier qui elle est et d’où elle vient. Cette Europe-là n’est pas celle pour laquelle je me bats.


L’Europe n’est pas une simple construction administrative composée d’un amalgame de politiques publiques. Elle n’est pas une coquille creuse institutionnellement. Elle repose sur une communauté de valeurs, d’expériences fondatrices communes, de cultures partagées, autrement dit sur des racines civilisationnelles. Mais ces racines, encore faut-il les assumer. Derrière l’anecdote de l’agenda européen, ce que nous devons refuser, c’est précisément une Europe mal à l’aise avec son identité, une Europe qui oublie son histoire chrétienne et qui ne défend pas ses valeurs. L’Europe a tout à perdre, et rien à gagner, à se renier ainsi.


Il est du reste révélateur que cet agenda européen parle très peu d’Europe. On préfère y évoquer la sagesse de Gandhi, l’introduction de la tomate au Pérou ou encore l’Antarctique. N’avons-nous pas une culture et une histoire collective, des souvenirs communs suffisamment forts à mettre en valeur? Pourquoi éprouvons-nous de telles difficultés à faire état sereinement de ce qui nous constitue? Cet agenda européen manqué est pour nous un signal d’alerte. A partir de ce qui s’est passé, nous devons réfléchir à ce que sont nos valeurs collectives et notre socle commun.

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