TOUT EST DIT

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dimanche 16 janvier 2011

Plus difficile que la révolution

L’ex-président Ben Ali parti, les principaux acteurs de son pouvoir restent et les problèmes économiques demeurent. C’est dire que les Tunisiens ont à gérer une situation riche d’espoir, mais aussi de difficultés. Faut-il craindre la montée d’extrémistes ? L’avènement d’un « homme providentiel » auquel se donnerait le peuple ? Ou peut-on espérer que la Tunisie soit un laboratoire de démocratie moderne sur la rive sud de la Méditerranée ?

À l’exception de l’attentat contre une synagogue à Djerba, qui fit 21 morts en 2002, le pays n’a pas connu d’exactions des islamistes radicaux. Mais ces derniers ne sont pas un mythe : Al-Qaïda au Maghreb a demandé aux Tunisiens, mardi, de militer pour l’instauration de la loi religieuse. Par contre, le responsable du parti islamiste Ennahdha, Rachid Ghannouchi, qui souhaite quitter son exil londonien, assure qu’il est prêt à participer à un gouvernement d’union nationale. Il présente sa formation, démantelée sous Ben Ali en 1988, comme « islamiste et démocrate », similaire au parti du Premier ministre turc Erdogan. Acceptons-en l’augure, mais sans oublier que si l’œcuménisme politique peut être, un temps, la réponse appropriée pour surmonter une situation de crise exceptionnelle, le fusionnement total ne correspond pas à la normalité d’un pluralisme mûri, qui vivra de la présentation aux citoyens de projets alternatifs, dont la concurrence sera tranchée par le suffrage universel.

Passée la « révolution populaire », viendra — normalement — le temps des rivalités personnelles, des compétitions pour obtenir la majorité. Et cet avenir a ses aléas. Pour le peuple tunisien, notamment sa jeunesse, qui crie son exigence de liberté de parole et d’action politique, ces joutes seront d’abord un progrès en soi. Mais si elles tardaient à produire des améliorations plus tangibles au quotidien, un champ pourrait s’ouvrir aux apôtres de solutions plus radicales, mais légitimées à leurs yeux par leur conformité aux racines et traditions du pays.

Le risque n’est toutefois pas propre à la Tunisie. Ce week-end rappelle que nous avons la même tentation offerte en France.

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