TOUT EST DIT

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dimanche 16 janvier 2011

Le Monde: déménager, paraître le matin... et un château dans l’Oise

Les nouveaux actionnaires du Monde et le président du directoire du journal ont détaillé vendredi plusieurs pistes envisagées pour relancer le grand quotidien. 

Ils se sont retrouvés aux "Noces de Jeannette", un restaurant un brin désuet à deux pas de la place de l’Opéra, à l’initiative de l’Association des Journalistes Médias. Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel, les nouveaux actionnaires du Monde, et Louis Dreyfus, le président du directoire, ont présenté vendredi devant la presse leur projet industriel pour le quotidien. Et répondu aux nombreuses questions des journalistes, eux d’ordinaire si taiseux… "Pendant longtemps, le groupe s’est vécu comme un groupe avec un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, mais qui était en dessous de 400 millions d’euros", souligne Louis Dreyfus.
Un déménagement dans les cartons
Lors de ses vœux aux salariés, jeudi, Louis Dreyfus a annoncé sa volonté de regrouper l’ensemble des titres du groupe (Le Monde, Télérama, La Vie, Courrier International…) dans un seul immeuble, "plus central et fonctionnel". Celui du boulevard Auguste Blanqui, qui dispose de 16.000 m2 -dont 11.000 utilisables -coûte aujourd’hui 9 millions d’euros de loyer par an. "Nous avons la volonté de regrouper les services, mais il n’y aura pas de plan de départ volontaire", assure Xavier Niel.
Une offre week-end à l’étude le dimanche…
Les actionnaires s’interrogent sur une parution "tous les jours de la semaine, y compris le dimanche, même si rien n'est aisé au niveau du réseau de distribution" détaille Pigasse. "Nous voulons également renforcer certaines parties du journal, comme l’économie et les enquêtes." Plusieurs titres du groupe pourraient participer à l’offre week-end. "Il s’agit de partage de compétences, explique Louis Dreyfus. Les magazines doivent nous aider à concevoir ce produit."
… et une parution le matin?
Cette question, qui "demande réflexion", est "à l’étude", souligne Pierre Bergé. "La rédaction doit se changer, tout ça est compliqué." Pour Matthieu Pigasse, cela "touche à l’équilibre chaud/froid. Je viens d’un village de 250 habitants, où le journal est bouclé à J-2 et lu le jour J." Pour le banquier d’affaires, la question est "comment atteindre tout le monde, partout, au même moment?" Pour Louis Dreyfus, un journal "distribué partout en France, à la même heure, supprimerait les difficultés. Le réflexe magazine démobilise la rédaction".
Nouveau directeur : les actionnaires semblent écarter Sylvie Kaufmann
Les auditions pour la quête du nouveau directeur ont commencé cette semaine, avec huit candidats déjà passés devant le comité. Elles se poursuivront la semaine prochaine, avec quatre autres candidats. "Quadras, quinquas, tout ça ne veut rien dire, assure Pierre Bergé. Je ne crois pas aux barrières de l’âge." "Nous cherchons quelqu’un capable d’incarner le journal, présent, travailleur, qui a la volonté de faire bouger les choses", ajoute Niel. Matthieu Pigasse précise qu’il n’y a "pas de ticket" entre un candidat interne et une personnalité de l’extérieur, mais qu’il y en aura "peut être un". "Nous voulons quelqu’un qui ait expérimenté plusieurs médias et qui comprenne les enjeux numériques", ajoute Pigasse. Ce qui semblerait écarter l’hypothèse de la directrice de la rédaction, Sylvie Kaufmann, qui a fait toute sa carrière au journal… Un nouveau conseil de surveillance se tiendra le 7 février, où les actionnaires proposeront le nom de leur candidat, qui devra encore obtenir à 60% l’adhésion de la rédaction. Tous les trois ont refusé d’évoquer le sort de l’ancien président du directoire, Eric Fottorino, limogé à l’issue du dernier Conseil de surveillance. "C’est du passé", assure Niel.
Des "discussions avec Lagardère" sur le Monde Interactif
Pour rapprocher les deux rédactions web et papier, il n’est "pas indispensable" de racheter la part de Lagardère dans le Monde Interactif, assure Matthieu Pigasse. "En revanche, c’est notre souhait. Mais on ne le fera pas dans n’importe quelles conditions", sous entendu de prix. "Nous sommes en discussion avec le groupe, qui joue son rôle normal d’actionnaire. Le dialogue est permanent et continu." Sur Le Post, qui a perdu un million d’euros en 2010, le trio veut désormais un site "rentable" ou "à l’équilibre". "Nous sommes très favorables aux initiatives sur l’iPad, ajoute Pierre Bergé. C’est un gisement, un futur sur lequel il faut réfléchir. J’engage tout le monde à y penser."
Le sort de l’imprimerie dans les mains des "clients"
L’imprimerie du Monde a perdu, en 2010, 5 millions d’euros, et verra son sort en partie réglé le 15 février. "La palette de choix est très large, rapporte Louis Dreyfus. L’avenir de l’imprimerie dépendra beaucoup des clients actuels, de leur volonté de la faire vivre. Et de notre capacité à en amener de nouveaux."
Un Monde qui ne "sera pas le bulletin du candidat de gauche"
"Je veux un Monde impartial, qui ne soit pas le bulletin du candidat de gauche en 2012, assure d’emblée Pierre Bergé. J’ai trouvé parfois que la rigueur n’était pas toujours là au Monde, que la vérification n'existait pas, que certains articles étaient dictés par des officines. Ce Monde-là, je ne l'aimais pas et je veux aimer le prochain Monde." Il concède: "Oui, on sera irrité par ce qu’on lit parfois. C’est comme ça!" Pour Xavier Niel, "trois actionnaires différents, même politiquement, cela protège Le Monde". Interrogé sur leurs liens avec Nicolas Sarkozy, les actionnaires ont détaillé un par un leurs dernières rencontres avec le Président. "J’ai du subir début décembre une intervention chirurgicale et le président m’a écrit une lettre extrêmement amicale, détaille Pierre Bergé. Il m’a dit qu’il faisait confiance à ma constitution de jeune homme!" "Moi, je n’ai aucun rapport avec lui", rapporte Matthieu Pigasse. Xavier Niel, lui, explique l’avoir croisé "deux fois ces dernières semaines": lors d’un déjeuner organisé avec les patrons de la net économie à l’Elysée, et lors de la remise de décoration de François Pérol, l'ancien conseiller élyséen aujourd'hui à la tête du groupe Banque populaire-Caisse d'épargne. "Lorsque j’ai entendu des rumeurs disant que Sarkozy voulait n ous dissuader d’acheter, j’étais sûr que nous obtiendrions Le Monde, sourit Pierre Bergé. Mais je trouve navrant d’avoir fait jouer à Perdriel ce rôle-là. C’est un homme très respectable."
WikiLeaks, "pour la liberté l’expression"
Le Monde a fait partie des cinq quotidiens ayant diffusés les 250.000 télégrammes diplomatiques du site WikiLeaks. Les trois actionnaires approuvent ce nouveau mode d’information. "Je suis pour la liberté d’expression sous toutes ces formes, avec très peu de limites", commente Xavier Niel. "J’ai le même point de vue que le vôtre", emboite Bergé. "Moi, moins j’ai de limites, mieux je me porte", s’amuse Pigasse.
Un château dans l’Oise
C’est la petite surprise du chef. Lorsqu’ils ont ouvert les comptes, les actionnaires ont découvert que le groupe possédait un château dans l’Oise. Sa vente serait sur le point de se conclure.

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