TOUT EST DIT

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lundi 24 janvier 2011

G20 de Sarkozy, la voie étroite


On ne sait si cette coïncidence est seulement due au hasard. Mais la présentation par Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, de ses objectifs pour la présidence française du G20, une semaine après la visite d'Etat du Chinois Hu Jintao à Washington, est signifiante. Face à un G2 plus apparent que réel, la France estime qu'elle peut, avec les autres Européens, faire entendre sa voix et imposer dans l'agenda mondial quelques sujets de réflexion - et pourquoi pas d'action. Après les présidences de la Grande-Bretagne (réussie), du Canada et de la Corée (ratées mais pour des raisons différentes), Nicolas Sarkozy s'est fixé des priorités : les prix des matières premières, la gouvernance mondiale, le système monétaire et l'emploi. Vaste programme, comme aurait dit le général de Gaulle...
Avec de telles ambitions, le scepticisme est bien sûr l'inclination la plus naturelle. Depuis qu'a disparu la peur de voir le système économique mondial plonger dans un précipice, les discussions du G20 se sont égarées dans les méandres d'une technicité incompréhensible pour l'opinion, même éclairée. L'esprit de coopération constaté au plus fort de la crise a cédé la place aux égoïsmes et aux intérêts nationaux. Faut-il d'autres raisons de douter ? Les propositions françaises sur le système monétaire sont justement jugées trop françaises (comprenez, trop régulatrices) pour être entendues. Enfin, les objectifs de politique intérieure (2012) vont dicter une partie de l'histoire de ce G20. Bref, les raisons d'être optimiste ne sautent pas aux yeux.
Sauf que... le paysage n'est pas seulement celui-là ! Le gros de la crise est terminé, mais d'autres sont en train de se nouer, comme celle des matières premières, avec une flambée des prix structurelle (liée à la demande) que seul le choc de 2008-2009 a interrompu. Et le chef d'Etat français n'est jamais aussi bon que quand le danger menace. Certains pays, comme le Brésil, souhaitent aussi davantage de coopération monétaire. Enfin, Barack Obama a tourné la page de la naïveté sur la Chine - les tensions étaient manifestes au cours de la passionnante conférence de presse de la semaine dernière -et il peut avoir intérêt au G20 pour structurer sa relation avec les dirigeants de l'empire du Milieu.
Une (petite) fenêtre existe donc pour faire mieux que seulement semer pour l'avenir. Pour récolter dès maintenant, Nicolas Sarkozy devra toutefois se méfier de lui-même, et adoucir le ton et celui de ses proches vis-à-vis des Etats-Unis, qui, critiqués par la Chine, les émergents et l'Europe, se vivent en forteresse assiégée. Bref, se persuader que la culture du compromis est plus efficace que celle du rapport de force.

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