TOUT EST DIT

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samedi 3 avril 2010

Pause pascale


Pascale... L'adjectif, a fortiori au féminin, évoque la lumière. L'espérance. Son grand pouvoir ne sera peut être pas suffisant pour faire rêver le chef de l'État d'une résurrection rapide dans les sondages d'opinion, mais il aura au moins l'élégance de lui offrir une pause précieuse.
Rarement la parenthèse rituelle de ces trois jours de Pâques n'aura autant justifié son statut d'exception. L'édition 2010 marque même bien davantage qu'un temps suspendu. Une césure dans le quinquennat. Elle est si nette dans l'écriture du pouvoir qu'avec un peu de recul, elle apparaîtra comme une rupture dans le rythme, le ton, le style et le récit du roman présidentiel. Tout à coup, l'histoire commencée bien avant la victoire de 2007 n'est plus du tout la même.
La semaine qui s'achève a accéléré la fin d'une séquence. Celle où, pour la droite, la victoire semblait durable face à une gauche déchirée, sans projet et sans majorité de rechange. Ni les inévitables déboires de réformes polémiques, ni la crise économique, ni même les pratiques contestées de l'exécutif, ne semblaient pouvoir remettre en cause la suprématie d'un modèle néo-conservateur dominant. Même la défaite annoncée aux régionales ne devait être qu'une intempérie passagère trop inconséquente pour empêcher un deuxième bail pour le locataire de l'Élysée.
L'enchaînement d'une campagne ratée, d'une cuisante défaite dans les urnes et de résultats économiques désastreux a tout fait basculer. Tombée à 28 %, la faible popularité du président a changé la perception d'un personnage qui, jusque là, avait toujours su rebondir. Les records atteints par la dette ont entamé sa crédibilité. Et les récriminations dans les circonscriptions contre un bouclier fiscal jugé indécent ont dressé les députés UMP contre leur ancienne icône, tout à coup descendue de son piédestal. Et ce n'est pas le succès d'un dîner très symbolique avec Barack Obama à la Maison Blanche qui pourra restaurer son autorité morale. La magie qui permettait de croire le message fétiche - demain, tout est possible - est retombée. Même dans ses pires cauchemars, le vainqueur triomphant de 2007 n'avait imaginé un scénario aussi sombre
Dos au mur, l'Élysée n'a pas voulu céder un pouce de terrain. Pas question de reconnaître un état de faiblesse avant d'affronter un printemps social délicat jalonné par les mines de la réforme des retraites. Officiellement on ne changera pas de cap, donc, mais il faudra bien inventer une nouvelle stratégie de navigation pour éviter les écueils de cette année de tous les dangers. Il faudra bien, aussi, revoir la psychologie du capitaine pour l'adapter à une météo qui, pour le moment, ne lui est plus favorable. Pour le président, la pause pascale ne sera pas de trop pour réfléchir au profil qu'il doit trouver pour rebondir. Et pour l'accepter.

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