vendredi 10 décembre 2010
La question à 2.000 milliards d'euros
Attention, embouteillage en vue ! Alors que l'approche de la fin de l'année favorise un apaisement sans doute momentané de la crise de la zone euro, hier, la Banque centrale européenne a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Dans son rapport de stabilité financière, elle souligne qu'un nouveau péril guette les Etats membres. Aux quelque 1.000 milliards d'euros que vont devoir lever collectivement ces derniers pour financer leurs déficits l'an prochain vont s'ajouter les besoins de financement de leurs banques. Soit 1.300 milliards de plus au bas mot pour les deux prochaines années.
En clair, cela veut dire qu'en 2011 les investisseurs auront plus que jamais l'embarras du choix. Qu'ils pourront faire leur marché au gré de l'appétit du moment. Et donc qu'au final il risque de ne pas y en avoir assez pour tout le monde. Au terme d'une année 2010 marquée par le sauvetage en urgence de la Grèce et de l'Irlande, pour lesquelles l'accès aux marchés était devenu impossible, cette perspective n'a évidemment rien de réjouissant. Elle laisse présager d'un millésime 2011 placé sous le signe d'une concurrence effrénée entre les Etats de la zone euro et leurs propres établissements de crédit. Avec les conséquences que l'on peut imaginer pour les emprunteurs les plus fragiles. Qu'ils soient publics ou privés.
Pas étonnant dans ces conditions que la BCE rappelle la nécessité d'améliorer rapidement le dispositif d'aide aux pays les plus vulnérables, en accroissant notamment la taille du Fonds européen de stabilité financière. A quelques jours d'un sommet européen très attendu par les investisseurs c'est loin d'être inutile.
Pas étonnant non plus que l'institut de Francfort invite les Etats membres à reprendre le nécessaire travail de restructuration de leur secteur bancaire. Engagé en catastrophe au moment de la faillite de Lehman Brothers, ce chantier semble être désormais passé au second plan des préoccupations des dirigeants politiques. Une piqûre de rappel est sans doute nécessaire. Car, un certain nombre de banques zombies subsistent en Europe, ne devant leur existence qu'aux liquidités que leur octroie la BCE. La déroute irlandaise du mois dernier a montré les limites de l'exercice. La déconfiture des banques entraînant celle du pays.
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