TOUT EST DIT

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vendredi 10 décembre 2010

De la peinture en politique

Nos personnages politiques ne se privent pas d'évolutions que les commentateurs, au jour le jour, relèvent aussitôt comme des reniements. Ces jugements supposent à tort que les acteurs politiques comptent sur l'amnésie des électeurs. Or ils savent que leur image résulte en fait de la superposition de leurs attitudes successives dans les mémoires. Contraints par la loi médiatique à ne délivrer qu'un message simple à la fois, ils recourent donc à la combinaison de plusieurs messages successifs pour former l'image circonstanciée qui ratisse plus large. Cette technique s'apparente à celles du glacis, de la « velatura » ou du « sfumato » des peintres italiens du Quattrocento, où les couleurs du dessous transparaissent à travers celles du dessus. Deux exemples concrets.

Nicolas Sarkozy a fait succéder, à son discours sécuritaire et identitaire, celui plus constructif centré sur l'emploi, la réforme fiscale, la couverture de la dépendance. Il savait que, en persistant à ne jouer que sur le premier, il finirait par perdre plus d'électeurs au centre qu'il n'en gagnerait du côté du Front national. Avec un dernier coup de pinceau plus amène, il rassure les premiers. Mais la rémanence de l'ancien évite de lui aliéner complètement les seconds. Il avait affecté une ouverture « à gauche », il revient au noyau RPR. Certains se souviendront qu'il n'est pas sectaire, d'autres constatent qu'il ne trahit pas sa famille.

François Bayrou a suffisamment injurié la droite et Sarkozy pour ne pas être suspecté de leur complaire. Un pas vers la gauche a laissé à celle-ci la responsabilité de le rejeter à droite. En résulte une inimitable nuance qui illustre le centre. Les sondages font d'ailleurs de Bayrou son meilleur représentant...

Ces procédés ne sont naturellement pas infaillibles, mais ils méritent d'être employés. Sauf que, à la différence des peintres, on ne peut pas se débarrasser des essais non aboutis.

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