L'Élysée juge qu'il n'y a «pas lieu» de discuter des euro-obligations. Angela Merkel accueille ce vendredi Nicolas Sarkozy à Fribourg pour le treizième Conseil des ministres franco-allemand.
Vexé, le premier ministre luxembourgeois a jugé le refus de Berlin «antieuropéen», s'attirant aussitôt les foudres de la Chancellerie. «Cela n'aide pas l'Europe, si ses membres se qualifient les uns les autres d'antieuropéens», a rétorqué le porte-parole d'Angela Merkel. Ces passes d'armes entre dirigeants de la zone euro augurent mal du Conseil européen de la semaine prochaine, qui sera consacré à la crise de la dette.
Position «tactique»
Le Conseil des ministres francoallemand du jour vise à aplanir les différends, grâce à un front uni franco-allemand. Sans être hostile, sur le fond, à la création d'euro-obligations, ou à l'augmentation du Fonds européen de stabilisation financière, prônée par le FMI, Paris ménage Berlin, dont l'accord est indispensable pour inscrire dans les traités un mécanisme européen de stabilité (MES) autorisant le sauvetage d'un État de la zone euro, quitte à imposer au secteur privé une «restructuration» de la dette.«L'attitude de la France est surtout tactique, car elle a évidemment intérêt à avoir ces eurobonds!, estime Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge, eurodéputé et observateur avisé du couple franco-allemand. L'Allemagne pense qu'elle n'a pas intérêt à laisser faire des eurobonds, mais si la pression sur l'euro continue, elle ne pourra l'éviter.»
En mutualisant une partie de leurs dettes, la plupart des États de la zone euro, notamment les «Piigs» -Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne-, bénéficieraient de taux d'intérêts plus avantageux et d'une incitation financière à respecter le pacte de stabilité. Mais l'Allemagne, elle, craint de payer plus cher une dette émise en commun avec des emprunteurs peu scrupuleux. «Si le taux des obligations allemandes est inférieur à celui de l'eurobond, il faut prévoir un mécanisme de compensation financière pour l'Allemagne», estime Guy Verhofstadt.
Dans ce débat, la France se garde de faire des propositions révolutionnaires, susceptibles de heurter l'Allemagne. «L'Élysée se consacre surtout à infléchir la position allemande, ce qui est déjà pas mal!», note un diplomate. Outre-Rhin, les positions évoluent déjà. Jeudi, l'un des principaux conseillers économiques du gouvernement, Peter Bofinger, s'est dit favorable aux euro-obligations.
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